Ô l’Oméga, rayon vert de ses yeux.
11e roman paru en 1927 sur 17 que comptent les aventures d’Arsène Lupin, « La Demoiselle aux yeux verts » narre les tribulations et les trémulations du baron Raoul de Limézy subjugué par la beauté mystérieuse et rayonnante, le glamour insondable, d’une jeune femme blonde aux yeux verts « couleur de jade, striés d’or et dont on ne pouvait détacher son regard quand on l’y avait une fois fixé ». Primesautier, Limézy s’applique d’abord à filer dans Paris une belle femme blonde aux yeux bleus pour le simple plaisir d’une chasse platonique et, du boulevard à la pâtisserie, réoriente sa quête vers une nouvelle apparition féminine nantie de fascinants yeux verts. Tout ne pourrait demeurer que flânerie et rêverie amoureuses mais une altercation autour de la demoiselle fantasmée entraîne Limézy à intervenir. Dès lors, l’engrenage de l’aventure s’enclenche définitivement.
L’intrigue initiée en ricochet de manière presque saugrenue est une belle réussite dès l’entame du roman. L’épisode qui s’ensuit dans le train avec Miss Bakefield est un régal. La belle Anglaise cloue le bec à Limézy. Les épisodes s’enchaînent avec une phrase de relance en fin de chapitre, dans le style feuilletonnesque. Il est difficile de lâcher le livre bien que la teinte romantique de l’ensemble colore un peu trop fortement l’histoire d’un sentimentalisme suranné. Limézy/Lupin agace parfois avec ses prétentions et sa suffisance. Pourtant, en fin de course, la lecture s’avère plaisante, sautillante, presque joyeuse malgré les drames ourdis, les personnages spoliés, les amours contrariés. L’ouvrage a été déniché dans une ancienne cabine téléphonique publique transformée en bibliothèque ouverte à Caniac-du-Causse, commune lotoise du causse de Gramat, en lisière de la singulière forêt de Braunhie hantée d’avens, jalonnée de dolmens, parsemée de gariottes [abris sommaires en pierres sèches], un paysage idéal pour féconder tout esprit vagabond.
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