Nous sommes en Méditerranée, quelque part entre l'Espagne et la Grèce, sur la seule île habitée de L'Archipel du Chien. Ne la cherchez pas sur une carte, vous ne la trouverez pas plus que vous ne trouverez l'Atlantide ou Eéa, l'île de Circé. Sur cette île sortie de l'imagination de Philippe Claudel, trois cadavres d'hommes à la peau noire viennent un jour s'échouer. Seuls sept habitants de l'île, dont le maire, le curé et l'instituteur (qui, lui, n'est pas un autochtone), sont au courant de cette "arrivée" et le maire exige que l'affaire ne s'ébruite pas. En effet, un projet de construction d'un complexe thermal est en cours de négociation et la nouvelle de l'arrivée de ces corps venant de "là-bas" serait du plus mauvais effet sur les investisseurs.
Voilà le début du roman. Bien-sûr, on se doute que l'affaire ne va pas en rester là et que les choses vont bientôt se "corser". On connaît le talent de Philippe Claudel pour créer une atmosphère délétère dans un milieu en "vase clos". L'archipel du Chien m'a beaucoup fait penser au "Rapport de Brodeck", à tel point qu'on a un peu l'impression que l'auteur se répète. Même si j'aime me laisser porter par l'écriture fluide et parfois féroce de P. Claudel (que je classerais volontiers dans la lignée d'un Maupassant ou d'un Pagnol), je ne peux m'empêcher de regretter que le thème des migrants ne soit qu'un élément somme toute secondaire dans cette histoire où le comportement moral des îliens constitue l'élément central du récit comme c'était déjà le cas pour le village de "Brodeck" ou celui des "Âmes grises". Par ailleurs la chute de l'histoire m'a paru trop théâtrale et nuisant de ce fait à l'exemplarité de ce conte moral.
Une petite pointe de déception donc, que n'arrive pas à compenser la magnifique jaquette concoctée par les éditions Stock où le dessin du Chien composé de dizaines d'écailles m'a rappelé le motif des pouce-pied, ces coquillages que l'on trouve à Belle-Île en Mer.
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