Après la neige, la gadoue.
Pour le sous-préfet Rocco Schiavone déplacé de la capitale italienne au Val d’Aoste, il ne semble plus y avoir de salut possible tant le meurtre par méprise de son amie Adèle Talamonti l’a abattu. Rocco aurait dû être en ligne de mire mais le tueur Enzo Baiocchi a confondu sa cible la nuit. Outre la perte d’un être cher, Schiavone est accablé par la culpabilité. Pourtant, le commissaire transalpin va devoir sortir de son hébétude et s’atteler à résoudre les multiples problèmes qui plombent sa vie privée, sentimentale et professionnelle. Mimmo Cuntrera impliqué dans l’enlèvement de Chiara Berguet est retrouvé mort dans la prison de Varallo. Rocco Schiavone est persuadé que le mafieux a été exécuté mais il ignore quel peut être le commanditaire et quel en est le motif. Il va devoir s’immerger dans le centre pénitentiaire afin de sentir le climat, visionner les enregistrements des caméras de surveillance, approcher physiquement les matons et les détenus. Parallèlement, il aura aussi nécessité d’aller sur Rome afin de lever des pistes pouvant le mener à l’assassin d’Adèle mais Sebastiano Carucci, fiancé endeuillé et inconsolable, ami intime de Rocco, tient à faire justice lui-même. Entre le devoir et l’honneur, un choix cornélien va se poser.
« Un homme seul » est dans l’exacte continuité de « Maudit printemps ». Si le précédent opus possède bien un dénouement, l’affaire n’est pourtant pas résolue tant les ramifications de la mafia calabraise, la ‘ndrangheta, gangrènent le Val d’Aoste. Antonio Manzini, en auteur doué, parsème la 4e aventure du sous-préfet d’indications d’apparence anodine qui vont se déployer avec pertes et fracas dans les volumes suivants. Enzo Baiocchi est un tueur particulièrement dur à cuire, l’alarme en tête et la lame à la main. Si les romans peuvent être lus indépendamment, il est préférable de suivre l’ordre de publication afin de saisir l’amplitude des relations entre les personnages dont aucun n’est sacrifié. Entre une intrigue affûtée et des protagonistes percutants, un grand plaisir de lecture se délie et s’épate. La connivence installée, le lecteur est ferré et Rocco peut donner libre cours à sa verve caustique, à ses ressassements, à son mal de vivre, à sa pugnacité et à sa profonde humanité.

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