Voici un polar sur les filiales djihadistes françaises d'acheminement de jeunes radicalisés vers la Syrie. À travers le personnage principal, Louis Loubriac, « ex-flic, ex-journaliste, ex-époux... », guitariste blues quasi alcoolique, qui croit mener une enquête, entre la Bretagne et la Turquie, pour retrouver sa fille disparue, l'intrigue est construite autour d'une manipulation ourdie depuis les plus hautes sphères du pouvoir bureaucratico-policier de la République.
Si le style laisse à désirer et le titre semble d'emblée trop explicite, un brin moralisateur également, la construction romanesque, qui paraît au départ tout aussi attendue, se complexifie progressivement jusqu'à ce qu'elle s'avère au final très prenante. [Le ch. 49 est cependant décidément redondant]. La multiplication des personnages et surtout leurs morts violentes y sont pour beaucoup.
Mais le mérite du roman, au-delà de la vraisemblance de la thèse qui l'inspire et de sa valeur littéraire, réside indiscutablement dans un autre critère propre au genre : le réalisme des descriptions des rouages des appareils de police, des dispositifs sécuritaires français, des caractères des protagonistes. L'expérience professionnelle de l'auteur, « ancien commandant de police, spécialiste de la lutte contre le crime organisé, [qui] a été en poste en Turquie, en Afghanistan et en Cisjordanie », compense les lacunes stylistiques-littéraires et récompense le lecteur par une satisfaction documentaire certaine.
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