L’éconduit en état d’ivresse.
Pascal Crépoil scénarise le pilote d’une nouvelle série policière pour TéléMax, la première chaîne télévisée française. Si le projet était accepté, Pascal pourrait entrevoir l’avenir en rose d’autant que sa compagne Sylvie accouchera bientôt d’une petite Zelda mais sur un simple coup de tête, Jérôme Thibault de Grangeneuve, directeur incompétent et omnipotent des programmes de la chaîne, remplace au pied levé Crépoil par un scénariste galonné, fauchant toutes velléités d’avenir de l’écrivain en herbe. Pour Crépoil débute une mise à mort fictive des employés de TéléMax responsables de sa mise au ban. Le scénariste congédié va trouver dans la verbalisation de ses tourments un exutoire mais ses écrits vengeurs vont le vampiriser jusqu’à l’isoler complètement de son entourage, le faisant passer de la réalité au fantasme. Pour Grangeneuve, obsédé par l’audimat en berne de TéléMax et la crainte de représailles émanant de Matthieu Plessier, bras droit du big boss Herpin, il lui faut trouver une parade préventive. Il envisage alors de faire appel à Crépoil, obscur scénariste intraçable, pour imaginer une mise à mort de son ennemi supposé et faire glisser l’assassin par le verbe au meurtre pur et dur mais on ne s’improvise pas tueur à gages.
L’écrivain suisse francophone Pierre Colin-Thibert a exercé plusieurs métiers dont celui d’illustrateur de presse, scénariste de pièces radiophoniques et de téléfilms avant d’aborder, la cinquantaine venue, l’écriture de romans noirs. Barnum TV est une critique du monde factice de la télévision gangrenée par des affairistes ignares et d’autant jaloux de leurs prérogatives qu’ils pourraient se sentir imposteurs s’ils n’étaient aussi imbus d’eux-mêmes. L’histoire est menée tambour battant avec une charge vaudevillesque qui amène le lecteur dans l’expectative quant à la véracité de ce qui est rapporté. Il aimerait croire à un canular tant les protagonistes semblent mus par des pensées basiques et des instincts de bas étage. La morale n’est pas dans ce monde-là et la chute n’en est que plus rude. Le ton enlevé, la multiplicité des dialogues entraînent immédiatement le lecteur dans une farandole désabusée, un carrousel cynique où la bêtise triomphe sans même s’en apercevoir, comme allant de soi. Quel cirque !
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