Le show et l’effroi
Acculé au bord de l’abîme sentimental et de la fracture familiale, le directeur de collection chez Gallimard, Ludovic Escande se tourne vers la cime du Mont Blanc sous l’impulsion de Sylvain Tesson qui minimise l’entreprise en la cantonnant à un entraînement basique préalable et à une paire de chaussures adaptée. Escande a laissé filer les années et le vertige l’affole. Qu’importe ! Tesson visualise déjà l’expédition et s’appuie avant même les avoir consultés sur ses amis Jean-Christophe Ruffin pour le pied-à-terre près de Saint-Gervais et Daniel Du Lac, champion du monde d’escalade, pour l’encadrement. Le pari est lancé et la date fatidique survient comme une lame effilée au bout d’un pendule. Pour Ludovic Escande, l’adaptation aux sites et à l’alpinisme va relever du chemin de croix tant la frayeur et l’effort se conjuguent au présent du vindicatif. Les parois sont retorses ; Tesson et Ruffin n’ont pas vraiment pris le pouls paniqué de leur ami. Seul le guide finit par saisir le désarroi du Parigot jeté en pâture au vide et à la peur.
Journal d’une grimpette électrique sous tranquillisants et euphorisants, « L’ascension du Mont Blanc » irrite par la désinvolture déployée par les Tesson et Ruffin puis retient l’attention par l’engagement du citadin déconnecté et mis en prise avec le géant des Alpes. Le style direct transcrit efficacement les sensations de l’alpiniste en herbe. Le lecteur suit la progression en se demandant à quel moment tout va capoter. Il serait vain de croire qu’une telle ascension est faisable par tout un chacun au pied levé mais toute visée vers les étoiles ne peut qu’illuminer les regards et poser des ailettes aux chevilles. Ludovic Escande, avec ses trois amis, en fera la preuve par quatre.
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