Le narrateur est un écrivain qui, au moment où débute son récit, vient de terminer un scénario de 700 pages (sic) sur Herman Melville, l'auteur de Moby Dick. Son récit va nous narrer quelques épisodes de sa vie sur une période de quelques mois, qui s'achèvera par son départ en Italie, au bord d'un lac dans les environs de Rome où il écrira le livre que nous avons en main.
Il s'agit donc d'un journal mais où le mot "roman" autorise toutes les inventions. Le narrateur va rencontrer le réalisateur Michael Cimino à New-York puis en compagnie d'un ami éditeur, il rencontrera, à Paris cette fois, dans un restaurant de la Bastille, Isabelle Huppert, qui a joué Ella Watson dans le film de Cimino "La porte du paradis", elle-même accompagnée par une ravissante directrice de musée, Léna, qui chamboulera sa vie, du moins cette période de sa vie. Ces rencontres sont-elles fantasmées ou non par l'auteur Yannick Haenel ? La question est sans doute superflue mais on ne peut s'empêcher de la poser, d'autant que l'un des mots clés du livre est "vérité" : "[Melville] après avoir vécu des aventures fabuleuses dans les mers du Sud et connu le succès en les racontant, s'était soudain converti à la littérature, c'est à dire à une conception de la parole comme vérité [...]" écrit-il dès la première page de son roman.
Le narrateur-auteur est à la recherche d'une vérité inatteignable qui courre à travers tout le livre sous la forme d'un daim blanc, celui qui apparait devant Robert de Niro dans le film de Cimino "The deer hunter". On peut dire que ce daim joue à cache-cache avec l'auteur tout au long du livre. Je veux dire par là que par moment il y a de beaux, voire de très beaux passages, dans ce texte et puis le daim s'absente sans crier gare, on attend son retour, on s'impatiente et on commence à trouver le temps long. Mais pour le lecteur patient et même complice comme je le fus, le daim finit par réapparaître – pour moi, ce fut dans cette cérémonie à Colmar devant le retable d'Issenheim.
Au final, je me suis sûrement plus ennuyé tout au long de cette lecture que je ne me suis réjouis mais malgré le côté "poudre aux yeux" qu'on peut lui reprocher, agrémenté d'une propension au "name-dropping" dont l'auteur confesse être atteint, j'ai ressenti de la sincérité dans la quête de l'auteur et je le remercie d'avoir su partager certains moments, même furtifs, où la "vérité de la littérature" se laisse entrevoir. Un roman foutraque mais avec quelques fulgurances qui me le rendent sympathique, malgré tout.
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