[Les Aventures de Tintin. T. 09, Le Crabe aux pinces d'Or. | Hergé]
Déchirer le plastique fin, doux et transparent qui recouvre le fac-similé du Crabe aux pinces d’or est comme une nouvelle défloration de l’enfance. La qualité du papier et de l’impression, l’odeur de colle et les cahiers cousus ravivent d’anciens plaisirs enfouis. L’âge n’a pas de prise sur Tintin et ses aventures. L’opium dissimulé dans des boîtes de crabe est prétexte à la rencontre historique de Haddock, ivrogne et gaffeur impénitents avec Tintin, perpétuellement dans le mouvement : « Inutile de gémir. Ce qui est fait est fait. A présent, il s’agit de leur échapper. » (p. 54). Les Dupont et Dupond, toujours double voire triple buse ont souvent eu l’art de m’agacer. Des différences notables apparaissent entre l’édition originale et l’édition courante retouchée par les studios Hergé : le matelot africain est remplacé par un marin asiatique (p. 14) ; Cela lui évite d’encaisser un ramponneau de la part du lieutenant de vaisseau ; le tortionnaire noir et torse nu frappant à coups de bambou le dos de Haddock devient un Turc à la moustache fournie et à la badine leste (p. 53) ; de même, les injures du capitaine Haddock aviné et vociférant s’édulcorent : « Moricaud ! Anthracite ! Commerce noir ! » se métamorphosent en : « Emplâtre ! Doryphore ! Iconoclaste ! » (p. 56). Surtout ne pas heurter les susceptibilités ! C’est louable mais pourquoi un marin asiatique serait-il mieux à même d’encaisser les prunes ? Le Congo belge est-il la source d’un traumatisme national ? Quoi qu’il en soit, Tintin déroule un univers fascinant et le fac-similé invite à la découverte d’une œuvre monumentale.
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