Je suis bien embêtée...
Voilà environ quinze jours que j'ai terminé la lecture de "Tableau de chasse", et je n'en ai gardé quasiment aucune empreinte. Je me souviens pourtant que cela n'a pas été une lecture désagréable, loin de là. L'écriture de Rafael Chirbes coule toute seule, emmène le lecteur sans peine au bout de son récit.
Heureusement, j'avais pris quelques notes... qui ont quelque peu rafraichi ma mémoire.
Le narrateur de "Tableau de chasse" est un homme vieillissant, qui vit seul avec Ramon, un domestique laconique mais efficace. Il revient sur son passé, plus précisément sur certains épisodes de celui-ci, évoque ses relations avec des personnages qui ont partagé son existence sur des périodes plus ou moins longues...
Il exprime la nostalgie rattachée au souvenir de sa liaison avec Elena, sa maîtresse, des années durant. Il revient sur son ascension sociale, qui a démenti les a priori que ses beaux-parents nourrissaient à l'égard de ce gendre arriviste. Il avoue les rapports sans passion avec sa femme, l'incompréhension qui s'est instaurée entre lui et son fils.
On devine chez lui une grande arrogance, et peu d'empathie pour ceux qui l'ont entouré. On comprend que cet homme égoïste, intolérant, finisse sa vie dans la solitude. On subodore des non-dits, en reliant certains éléments (sa progression sociale, le contexte du franquisme), on imagine, derrière le discours de cet homme "comme il faut", les compromissions, les arrangements douteux...
Le ton est à peine mélancolique, à peine amer, notre narrateur est un homme qui ne se remet pas en question, il est trop imbu de lui-même pour se permettre des regrets.
L'une des forces de ce roman est sans doute cette façon qu'à Rafael Chirbes de suggérer plutôt qu'énoncer, de faire suffisamment confiance au lecteur pour le laisser lire entre les lignes.
Alors, c'est vrai, "Tableau de chasse" ne me laissera pas un souvenir impérissable, mais je ne regrette pas de avoir lu...
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