[Astérix. 21, Le cadeau de César | René Goscinny ; Albert Uderzo]
Roméomontaigus n’est pas sous le balcon de Juliette comme dans la pièce de William Shakespeare mais il est bien soûl du matin au soir dans la vingt-et-unième aventure d’Astérix. Si l’amour du vin remplit le légionnaire, il sait aussi se répandre et vilipender de loin ses supérieurs. L’heure de la retraite a sonné après vint années de service mais le légionnaire libérable est emprisonné à la suite d’insultes proférées au fond d’une taverne romaine à l’encontre de Jules César. Le lendemain, César décide de le faire libérer et de lui remettre un cadeau empoisonné, le titre de propriété du village des irréductibles gaulois. Fort de son titre gravé dans la pierre, il part pour la lointaine Armorique mais s’arrête en chemin afin de reprendre du carburant pour la route. Incapable de payer son vin goulûment absorbé, il remet à l’aubergiste gaulois Orthopédix le faux titre de propriété (César n’a aucun droit sur un territoire non conquis). Poussé par sa femme Angine désireuse de changer d’air, accompagné par leur fille Coriza souhaitant ardemment retrouver Lutèce, Orthopédix vient prendre possession de ce qu’il croit être son bien. Abraracourcix, le chef gaulois ne voit pas d’un bon œil l’arrivée d’Orthopédix mais une sympathie souterraine s’installe entre les deux hommes que leurs femmes, Angine et Bonemine poussent et orientent selon leurs humeurs et leurs désirs de paraître. Malgré tout, Orthopédix va tenter de se faire élire chef et Abraracourcix va pouvoir compter ses ouailles et ses abattis. Totalement accaparés par des élections municipales avant l’heure, les villageois ne voient pas les Romains attaquer à la catapulte. Seul Astérix s’est aperçu du danger mais déjà les pierres pleuvent et Assurancetourix ne veut pas distribuer de potion magique tant que personne ne sera d’accord dans le village.
Cet album est évidemment à replacer dans le contexte de l’époque puisqu’il est paru en 1974 au moment des élections présidentielles opposant Giscard et Mitterrand. Il acquiert ainsi une saveur particulière. Légèrement misogyne sur les bords, les femmes n’ont pas le beau rôle et se font tancer au passage. L'aventure d’Astérix garde encore un certain piquant aujourd’hui. On pourrait établir des correspondances entre l’attitude d’Angine vis-à-vis d’Ordralfabétix, le poissonnier et celle de politiciens arpentant les marchés et les étals pour se faire bien voir. Si l’allusion faite au Cyrano de Rostand amuse moyennement, la parodie de Zorro est franchement réussie.
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