Valentine, une adolescente turbulente, mal aimée par sa famille recomposée et bourgeoise, disparaît alors que cette dernière avait chargé une détective privée de la surveiller. La détective n'est pas l'héroïne du récit de l'enquête menée pour la retrouver mais c'est, en grande partie, sa narratrice. Personnage identifié par défaut et dépassé par la situation, elle s'associe à la Hyène, la protagoniste foudroyante et resplendissante dont les qualités principales sont son homosexualité militante et sa capacité à susciter, avec autant de talent, la séduction et la terreur, celle-ci de préférence.
Du point de vue narratif, j'ai le sentiment de pouvoir déceler de nombreuses analogies avec la fameuse série de récits de Conan Doyle :
- dans les rapports entre Sherlock Holmes (la Hyène) et le Dr. Watson (Lucie), avec un peu plus de rudesse,
- dans la richesse des descriptions de milieux urbains et sociaux divers, avec une prédilection pour les plus crapuleux,
- dans certains personnages qui ont des attaches avec l'étranger : Vanessa (la mère de Valentine) est issue de l'immigration maghrébine, Zoska (l'amante de Lucie) polonaise et Soeur Elisabeth sans doute espagnole
- dans la chute très habile, extrêmement syntonisée avec notre contemporain (exactement comme Doyle vis-à-vis de la société victorienne), à la fois littéralement extraordinaire et ouverte.

L'histoire se déroule entre Paris et Barcelone, en deux parties quasiment de la même importance. Un chapitre est consacré à chaque personnage, lequel sert autant à en conter le passé qu'à faire avancer la trame. Le chapitre sur la Hyène, apparaissant aux 2/3 du livre, n'est pas narré par Lucie - pour qui sa coéquipière restera mystérieuse. Les amours lesbiennes sont omniprésentes, tout comme la critique sociale caractérisant les milieux comme les personnages. Comme d'habitude chez l'auteur, dans cette société qui est la nôtre tout en gardant tant d'exotisme pour le lecteur moyen, il y a beaucoup de violence, de sexualité outrée et de drogue : partout et en toutes circonstances. Sauf que le style de ce roman est plutôt différent de ce que j'ai lu de Despentes : plein d'ironie dans sa brutalité, il permet effectivement de parler de satire plus que de critique sociale.

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