[les animaux aussi ont des droits | Cyrulnik. De Fontenay. Singer.]
Un livre d'entretiens menés par Karine Lou Matignon. Successivement Pete Singer,Elisabeth de Fontenay, Boris Cyrulnik dissertent sur l'opportunité d'accorder des droits aux animaux. Un livre qui ravira les anti-spécistes et qui fera bien sûr grincer les dents de leurs opposants. Car je vois déjà quelques belles âmes brandir l'argument imparable :"avant de s'occuper du bien-être des animaux et de leur accorder des droits occupons nous de l'Homme, des Hommes, et de tous ces pauvres mallheureux qui meurent de faim dans le monde". Et si mon contradicteur veut faire pleurer dans les chaumières peut-être convoquera-t-il le Biafra, la Somalie, l'Ethiopie et je n'ose envisager le pire : toutes les victimes des génocides passés et à venir ! J'exagère ? à peine. Comme si il fallait attendre que le Monde ait enfin atteint les Béatitudes pour que nous puissions alors nous occuper des bêtes....autant dire qu'elles peuvent attendre...longtemps. Mais comme les internautes de l'Agora sont gens sensés et cultivés je n'ose croire que l'un d'eux me ressorte cette chanson éculée. Ceci en préambule.
Pour ce qui est du contenu du livre le fil rouge est bien sûr l'opportunité d'accorder des droits aux animaux. Les interventions de nos trois intellectuels sont bien sûr toutes très interessantes mais diffèrent légèrement en fonction de leur cursus et de leur affect. Pete Singer l'anglo-saxon utilitariste est bien sûr le plus radical. Il milite carrément pour la désacralisation de la personne humaine et n'hésite pas affirmer que la vie de certains handicapés a moins de valeur que la vie d'un animal possédant un plus grand développement mental. Ce en quoi il s'oppose à Elisabeth de Fontenay qui ne met pas sur un même plan l'humain et l'animal même si elle rejoint Singer dans le fait que la législation concernant les animaux doit changer. Certainement de par son cursus philosophique plus français, plus cartésien, elle met dans le 1/100 de gènes qui nous différencie des grands singes la part irréfragable de la singuralité humaine (je résume....). Enfin Boris Cyrulnik, peut-être le plus passionant des trois réconcilie (essaie...) l'homme et l'animal en convoquant l'histoire, la littérature, les sciences humaines. Tout cela est beau est fort. Je trouve personellement , à l'expérience de tous les jours, que nos trois charmants discoureurs sont bien optimistes quant à l'avénement prochain de nouveaux comportements humains face à l'animal. Il y a le discours et il y a le fait. Et de ce que j'en vois le fait contredit le discours.
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