[Hombre. La genèse. 1, Une tombe en béton | Antonio Segura ; Jose Ortiz]
D’emblée il faut bien l’avouer. « Hombre » de Segura et Ortiz est loin de répondre aux espoirs du lecteur de bédé. Pourtant, le duo est expert en Deus Tex machina. Ils se sont attelés avec brio pour narrer et dessiner les aventures du ranger de papier. Revenir à la genèse d’Hombre, série post-apocalyptique née en 1981 promettait bien des plaisirs mais c’était sans compter sans la ringardise d’un scénario cousu de fil blanc et bourré de clichés tous plus éculés les uns que les autres. On pourrait se croire dans un nanar de SF, type « Zardoz » [1974] de John Boorman, film kitch et prétentieux, ridicule jusqu’aux costumes où Connery parade en slip rouge, torse velu ceint de cartouchières et pistolet en pogne tel un James Bond de pacotille propulsé en 2 293. Zut, voilà Zed, le sombre héros bien bas jusqu’à mordre la poussière de son râtelier en porcelaine ! Segura a imaginé une société disloquée par les guerres et la pénurie des ressources naturelles. L’armée enserre la ville soumise au blocus, à l’anarchie et à la violence. Les hommes s’entretuent pour un jerrycan d’essence. Ils creusent le sol jonché de multiples débris afin d’y dénicher quelque produit manufacturé enfoui qu’ils ne savent plus fabriquer. Hombre, cynique à souhait mais prompt à aider la veuve et l’orphelin quitte à se faire flouer navigue à vue dans cet enfer ordinaire, luttant de poing ferme pour sa survie.
L’album est découpé en épisodes pouvant se lire indépendamment. Hombre, l’homme sans nom au mâle visage d’ibère, cigarillos aux lèvres, reste le fil conducteur d’histoires sans aucun espoir de rédemption. Les dessins de Jose Ortiz sont souvent remarquables mais la mise en couleur n’apporte rien au graphisme habité de l’artiste espagnol. Tout comme Jeremiah d’Hermann, série après l’apocalypse, le livre tombe des mains nonobstant un dessin maîtrisé de haute tenue. Dommage, dommage !
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