Qui ne connaît le blog de Pierre Assouline, un des premiers blocs -professionnel- dont l’essentiel des billets porte sur la littérature. Ces billets donnent lieu, presque quotidiennement, à un forum de discussion, et parmi les 150 000 messages postés jusqu’à ce jour, Assouline a fait une sélection se rapportant à certains thèmes abordés.
Après une introduction assez banale , une rapide analyse de ce qu’est un blog, ( un nouveau lieu de conversation? ), , qui intervient et pourquoi, les thèmes qui ont donné lieu au plus de débats, enflammés ou non, quelques anecdotes sur les dérapages, mais aussi sur les liens créés entre participants , on peut lire, par ordre alphabétique , des extraits des commentaires , le plus souvent , et c’est là l’intérêt, sous forme d’échanges entre même personnages., qui, au fil du temps, commencent à se connaître !
Ceci donne lieu , sur certains sujets sélectionnés, à des échanges d’une qualité rare, connaissance du sujet,finesse du jugement, étendue de la culture, et rédaction , un vrai plaisir..
Il y a une vraie générosité et une authentique volonté de partage dans ce transfert de connaissances. Elles sont d’autant plus remarquables que l’esprit du temps est plutôt au cynisme. Rien ne prête le flanc à la dérision comme ce don de soi aux autres en public. Il n’est que de lire avec attention certains commentaires pour deviner le temps que leurs auteurs y ont consacré.
Certains thèmes sont bien sûr plus à même de faire intervenir certaines pointures, c’est le cas d’Heidegger, ,des comités de lecture, des Bienveillantes,de Sade encore et toujours, de Malcom Lowry,de l’intérêt de la lecture de Mein Kampf, mais je retiendrais surtout tout ce qui aborde la traduction et les traducteurs , les échanges par exemple au sujet de la traduction de « durcharbeiten » par « perlaborer » dans la traduction par Bernard Lorthoraly du Liseur de Bernhard Schlink, ou dans une nouvelle traduction de Bartleby d’Herman Melville par Jérôme Vidal , " j’aimerais mieux pas " qui a tellement moins de force que « je préfèrerais ne pas » pour traduire « I would prefer not to.
Je ne saurais dire si réellement ces échanges au sein d’une communauté que l’on dit virtuelle permettent vraiment de renouer avec l’art un peu sinon totalement perdu de la conversation, mais en tout cas, à la lecture, c’est souvent passionnant ,d’abord par ce que cela apporte comme connaissances, bien loin souvent du billet écrit par Assouline au départ ( et avec la volonté d’aller plus loin la plupart du temps tant certains intervenants sont talentueux et persuasifs), et puis aussi par ce que cela implique dans notre époque de repli , chacun dans son petit univers, de volonté de communication.
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