[Ecrivains de Turquie - Sur les rives du soleil | Adalet Agaoglu, et alii]

Une anthologie de nouvelles de 16 auteurs turcs, assez peu connus en France pour la plupart... Ils appartiennent à trois générations : les aînés - Sabahattin Ali et Sait Faik - sont des classiques de la première moitié du XXe siècle, Adalet Agaoglu, Leylâ Erbil et Füruzan sont trois romancières et nouvellistes apparues à la fin des années 50, et les autres sont nés à partir de la moitié de cette décennie-là, mais surtout dans les années 70. Les écrivaines, au nombre de 7, sont donc équitablement représentées, selon les voeux de l'éditrice, ce qui provoque une certaine sur-représentation de la nouvelle impressionniste et intimiste qui est un apanage féminin dans la littérature turque contemporaine.
Un autre critère de sélection des nouvelles a été traductologique (niveaux de difficulté comparables). En effet, née à l'origine d'un échange intergouvernemental (franco-turc) entre jeunes traducteurs, consistant en deux sessions d'ateliers (à Büyükada - novembre 2011 et à Paris - juillet 2012), cette anthologie, étoffée ensuite par décision éditoriale, comprend désormais aussi un certain nombre de textes traduits hors ateliers, par des noms célèbres pour trois d'entre eux.
L'impression générale qui me semble se dégager de l'ouvrage est celle d'une surprise réussie faite au lecteur qui ne connaît parmi les auteurs turcs que Yasar Kemal, Nâzim Hikmet ou Orhan Pamuk, (permettez-moi de faire mine d'oublier Elif Safak... omission qui n'invalide aucunement mon propos !), grâce à une originalité stylistique de nature très expérimentale (souvent propre à la nouvelle à vrai dire). L'expérimental, ça va sans dire, on aime ou on aime pas... Dans les recueils pluri-auteurs, fatalement on peut avoir des atomes crochus avec certains, pas tous... Toutefois, par conséquent et par bonheur, l'orientalisme est ici confiné dans cette affreuse couverture représentant le Bosphore, d'une couleur jaune de chez jaune, pour un écho bien visuel et bien facile avec la mièvrerie "clubmédique" des "rives du soleil" (du titre)... [Je défie quiconque à trouver une seule évocation de rives ensoleillées dans le texte !]

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