Olivier, trentenaire, vit à Paris depuis qu'il a quitté ses Alpes natales. Une lettre de sa mère, qui lui rappelle, l'air de rien, que le temps passe et qu'elle n'est plus toute jeune, ainsi que l'insistance d'Anouk, sa compagne, qui voit là une occasion de faire enfin connaissance avec ses "beaux-parents", finit par le décider à s'y rendre pour quelques jours.
Voilà cinq ans que lui-même n'a pas vu ses parents, et il devient rapidement évident qu'il entretient avec son père des relations fondées sur le mutisme et la rancœur. Nous apprenons, par bribes, que le décès de Marc, son frère aîné, est à l'origine de cette situation.
Son retour dans la maison familiale fait surgir chez Olivier d'amers souvenirs de son enfance, et ravive la douleur que la mort de Marc et l'indifférence de son père ont ancrée en lui. Il est assailli de sensations liées à son passé, la moindre odeur, le moindre son, faisant naître des réminiscences souvent importunes. Car ce dont se remémore surtout le narrateur, c'est d'avoir été le plus petit, le plus faible, l'insignifiant dissimulé dans l'ombre d'un aîné au physique d'athlète, au fort caractère, à qui tout réussissait, jeune garçon promis à une brillante carrière de champion de ski, dont la brutale disparition a fini de creuser le fossé qui séparait Olivier de son père.
Pour lui, le cadet, l'avenir était également tout tracé : il reprendrait l'élevage familial de chèvres. Mais le "petit" en a décidé autrement, en fuyant littéralement vers la capitale dès son baccalauréat en poche...
D'une plume limpide, efficace, Gaël Brunet exprime par des détails significatifs -les regards, les silences- et avec beaucoup de justesse, les émotions de son héros, et le cheminement qui, durant ce court séjour dans ses montagnes natales, l'amène inévitablement à la confrontation avec ce père dont il a toujours désespérément recherché l'affection et la reconnaissance.
Face à cet homme taiseux, hostile, Olivier se retrouve dans un premier temps comme un petit enfant, incapable de contrôler la situation et le flux des sentiments qui le submerge.
Tout comme son mal-être, la tension est palpable, et le lecteur, d'emblée, s'attend à ce qu'elle culmine avec la battue au loup prévue à la fin de son séjour, et à laquelle il a décidé de participer, y décelant l'opportunité de pouvoir enfin régler ses comptes avec son père...
Hormis sa fin, que j'ai trouvée trop convenue, j'ai vraiment apprécié ce roman à l'écriture sensible et élégante.
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