Rena, une photographe quadragénaire, rejoint à Florence son père, Simon, et Ingrid, la compagne de ce dernier, pour un séjour d'une semaine en Toscane.
Rena est une femme rebelle, indépendante, sexuellement désinhibée, qui a quatre mariages -dont un blanc- à son actif. Son compagnon actuel est un homme beaucoup plus jeune qu'elle, d'origine immigrée, qui a grandi dans un des quartiers difficiles de la banlieue parisienne.
A son arrivée à Florence, elle retrouve un père vieillissant, physiquement diminué, et une belle-mère toujours aussi exaspérante de naïveté.
Le récit, dont Rena est la narratrice, est sans cesse entrecoupée de flash backs. Les visites dans la capitale toscane, la proximité avec son père ravivent en effet des souvenirs plus ou ou moins agréables, grâce auxquels nous reconstituons peu à peu le parcours qui a fait d'elle cette femme au caractère si fort.
Une mère absente, une initiation à la sexualité trop précoce, un père libertaire à l'extrême, qui entre autres lui a fait découvrir les charmes du LSD, une relation malsaine avec son frère aîné... Un parcours a priori invalidant, mais dont Rena a su tirer sa force.
La photographie a aussi été pour elle un moyen d'épanouissement, de révéler le secret des corps, en utilisant des filtres à infra rouge, qui mettent en évidence les réseaux veineux, la chaleur corporelle, les émotions dissimulées, tout ce que l’œil ne discerne pas, mais qui constitue selon elle l'essentiel d'un individu. Elle photographie surtout les hommes, sujet qui la passionne. Hommes du monde entier, haineux, amoureux, effrayés... Le corps de l'homme la fascine, éveille en elle mille fantasmes, et elle en assouvit parfois certains.
A travers les différents événements de son existence, et les rencontres qui l'ont marquée, elle dresse aussi comme un état des lieux de la condition féminine contemporaine. Rena a été mariée à un Haïtien, à un Coréen, à un Sénégalais, à un Algérien... Elle a couché avec des goys excités par son statut de juive, avec des juifs excités par son indépendance de goy, elle a couché avec un professeur excité par son statut d'élève, avec un ami de son père excité par l'innocence de ses quinze ans...
Bon, vous l'aurez compris, tout cela finit par tourner à la démonstration, voire à la caricature...
Si la démarche de Nancy Huston est au départ louable, elle manque cruellement de subtilité et de crédibilité. Son personnage devient au fil du récit comme un cobaye sur lequel elle expérimente toutes les situations perverses imaginables, et cela finit par être lassant. Elle perd ainsi partiellement sa consistance d'héroïne, pour n'être plus qu'une représentation abstraite de la femme comme objet de convoitise sexuelle.
De plus, le stratagème utilisé pour introduire l'évocation par Rena de ses souvenirs, cette amie imaginaire qui lui intime "raconte", comme un leitmotiv, m'a agacé également. Il était dispensable...
C'est la première fois que je suis déçue par un roman de Nancy Huston, auteure dont j'apprécie particulièrement la plume et la polyvalence. Un nouveau titre doit paraître en septembre, dans lequel je place tous mes espoirs...
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