Déjà tout petit, Petter est surnommé "L'Araignée", surtout à cause de sa petite taille. Plus tard, ce surnom lui reste mais est dû à une tout autre raison : Petter, tel une araignée, tisse sa toile d'"aide-écrivain". Son imagination fertile lui fournit en effet tant d'histoires qu'il en vient à vendre ses synopsis à des écrivains en panne d'inspiration. Devenu très riche et puissant, il devient gênant. Mais cet échec social et professionnel se double d'un échec personnel : il n'a jamais revu la seule femme qu'il ait jamais vraiment aimé, depuis plus de vingt ans. C'est au tour de Petter de SE raconter au lecteur, entrecoupant son récit de ses histoires, racontées ou vendues.
Je n'ai eu aucun mal à rentrer dans ce roman, qui se présente comme les mémoires du narrateur. Le fait que les histoires qu'il invente soient intercalées dans son récit personnel ne rompt pas le charme, au contraire : ce roman propose une perspective intéressante des différents niveaux de narration. L'intrigue est bien ficelée, habilement menée pour que nous comprenions ce qui arrive au narrateur tandis que beaucoup de choses lui échappent à lui-même.
L'imagination reste le fil conducteur du roman, qui montre bien son aspect ambigu, à la fois source de pouvoir et de fragilité.
Si vous aimez lire, lisez ce livre qui parle des livres. Abstraction faite de l'intrigue du roman, l'idée que des nègres, "aide-écrivains", soient partout ou presque derrière les best-sellers est assez vertigineuse. C'est une fiction, certes, mais qui vous laisse tout de même un arrière-goût désagréable... Quelque part, ça fait un peu frissonner, tout ça !!
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