La première mission de Sisco est circonscrite sur les deux premiers volumes. Avec ce troisième tome démarre une nouvelle tâche ingrate pour l’agent secret. Il va devoir servir de garde du corps à Julie, la fille du Président, surnommée Gin-Fizz en référence à sa boisson préférée et à son goût pour les fêtes avinées où drogues et sexe se consomment sans modération. Outre le manque de coopération manifeste de la fille à papa, Sisco se retrouve confronté à une prise de cocaïne par Julie, à une overdose puis à une hospitalisation d’urgence. Visiblement, la jeune femme a été empoisonnée. Sous des apparences de gens bien éduqués, costumes sur mesure et verbe raisonnable, des mafieux sans scrupule obéissent à la loi qui les arrange. Au regard de toutes ces têtes sûres et fières d’elles-mêmes, polissées selon le sens du vent, Sisco ne dépareille plus vraiment. Sa perspicacité et son mutisme le hissent d’ailleurs un cran au-dessus des arrivistes jouant leurs partitions solo. La gloire, le fric et le pouvoir pour ma pomme, les rognures pour les autres semblent-ils clamer en silence. Le lecteur sent bien le cynisme généralisé d’une époque nouvelle en pleine expansion.
Le scénario de Benec est bien travaillé avec une histoire classique jouant sur la confrontation de deux personnalités opposées, un homme strict et taiseux, une femme expansive et fêtarde. L’ensemble est bien mené avec quelques scènes bienvenues éclairant agréablement les personnages, les crédibilisant au passage. Julie aimerait bien prendre le beau mâle en impatience mais Sisco veille au grain, sa mission impossible avant tout, ordre du grand patron. Le dessinateur belge Thomas Legrain fait encore des étincelles avec ses crayons. Les physionomies et les visages sont bien rendues et restent séduisantes jusque dans l’abandon. Seule la mise en couleur est critiquable car elle n’arrive pas à rehausser le trait précis du dessinateur. Au contraire, les couleurs trop sombres et froidement lissées finissent par lasser et noyer le regard.
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