Il est des livres qui vous parlent, vous remuent, vous bouleversent, parce qu'ils vous renvoient une vérité criante : "j'aurais pu écrire cela". C'est le cas de ce "Commentaire", lettre ouverte d'une femme malade et quittée par son amant, mais surtout d'une femme volontaire, forte et, chose rarissime, qui sait aimer sans compromission. Car si ce livre montre bien une chose, c'est à quel point ce que l'on a coutume d'appeler amour est affaire de petits arrangements vils, alors que certains êtres, comme Marcelle Sauvageot, savent que tout n'est qu'absolu, rigueur et intégrité. Lucide, cette femme délaissée pour une autre ne cède pas à la tentation de la critique facile, mais se remet également en question, d'une façon qui ne peut laisser indifférent tant on peut se reconnaître dans ses battements de cœur, ses errances, sa lucidité sur elle-même.
Ce texte est donc une sorte de lettre, à la fois courte et longue, adressée ni tout à fait à l'amant qui éconduit, ni tout à fait à soi-même, d'où le titre originel de "commentaire". Oui, Marcelle Sauvageot commente ce qui lui arrive, parle un peu à celui qu'elle aime (il ne recevra jamais cette lettre, du reste), évoque sa maladie (elle est coincée dans un sanatorium).
Surtout, on admire la beauté de la langue, la beauté des mots qui parviennent à dire toute la complexité que peut ressentir un cœur brisé.
Doublé d'un appareil critique assez conséquent et qui, en plus, vaut la peine d'être lu (ironiquement, des textes d'hommes, seulement...), ce texte est à lire et relire, pour se rappeler que certains êtres ont la force de leurs sentiments.
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