[Dantès. T. 3, Le visage de la vengeance | Pierre Boisserie, Philippe Guillaume, Erik Juszezak]
Qui est cet homme désespéré, en larmes, debout sur le parapet d’un pont parisien, une corde passée autour du cou, prêt à faire le grand saut au-dessus du flot de la circulation ? Il se jette dans le vide. Ses vertèbres se brisent. Un poids lourd lancé à pleine vitesse le percute. La corde se rompt sous le choc et le corps désarticulé s’écrase au sol. Dans la poche de son costume, se trouve l’invitation manuscrite de Christopher Dantès dans le but de le rencontrer au plus vite. Un an avant le suicide de l’inconnu, Christopher Dantès criait vengeance. Aidé de Sarah, la fille de Gabriel et d’Isaac, le petit ami de Sarah, il dressait un plan machiavélique afin de confondre ses ennemis : « Bonnefond, le roi du CAC 40 et des ventes d’armes » ; « Minez, le prince de la com, de la coke et des nuits parisiennes » ; « Fontaine, la reine de l’audit et de la falsification de comptes » ; « Jean Saint-Hubert, éminence grise de Bercy ». Les contacts pris, Dantès tend sa toile. Sa richesse ouvre les portes et aiguise les convoitises d’autant plus aisément que Bonnefond est dans le rouge vif et Minez dans le rouge cramoisi. D’un abord agréable et sympathique, Christopher se lie avec Michel Bonnefond, le rejoint dans sa villa toscane, dans son club de golf pour mieux le flouer mais de tels hommes possèdent des ressources et des réseaux. Aucun plan n’est parfait d’autant plus que Lucie Mondran, la journaliste pugnace, enquête sur Dantès et ses intuitions se révèlent prometteuses.
Ce troisième volume est aussi prenant que les deux précédents. Le rythme ne ralentit pas. Les personnages prennent de l’épaisseur à mesure que les relations s’étoffent. Des failles commencent toutefois à s’insinuer de façon insidieuse et troublante comme lorsque Isaac tient tour à tour dans le viseur de son fusil à lunette la tête de Christopher puis celle de Bonnefond. Quelle vengeance poursuit-il de son côté ? Quels sont ses liens réels avec Sarah ? La jalousie pèse-t-elle dans la balance des sentiments ? Beaucoup d’interrogations émaillent l’histoire mais les dévoilements vont arriver et ils sont nombreux. Il devient de plus en plus rare de trouver une bande dessinée au scénario aussi bien charpenté, au découpage précis, à la mise en page fluide, au dessin lisible et agréable. Enfin, l’histoire, au diapason de l’œuvre d’Alexandre Dumas, laisse un arrière-goût en bouche riche d’échos littéraires fort réjouissants.
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