Voici donc le deuxième roman de David Vann, après Sukkwan Island que j'avais vraiment beaucoup aimé. J'en ai commencé la lecture en me disant qu'il était incontournable que je sois déçue.

Et pourtant non! Une étoile de moins que Sukkwan Island, mais un coup de coeur bien mérité malgré tout.

L'Alaska toujours.
Un îlot désert sur un lac glaciaire.
Irene et Gary, couple de longue date, dont les enfants adultes, Rhoda et Mark, ont quitté le nid mais restent dans les parages. Elle à rêver d'un mariage avec son riche dentiste qui la trompe. Lui à planter de la marijuana dans son jardin et à rire de tout, avec cynisme. Quatre personnages qui font chacun leur vie, comme ils peuvent. Et avec surtout des regrets, de la nostalgie, des doutes et beaucoup de peine à s'affranchir d'une certaine lourdeur des sentiments et des relations.

Gary souhaite s'installer sur Caribou Island, en face de la rive où il a vécu en famille, puis en couple, depuis tant d'années. Construire sa cabane à lui, y vivre avec Irene, survivre par ses propres moyens. Une vie rêvée, dont il est certain qu'elle pourra rattraper tous ses regrets, ses défaillances passées. Irene accepte de le suivre. Malgré elle. Peut-être pour sauver son couple, peut-être parce qu'être seule serait pire que de se prêter au jeu de son mari.

Dès les premières pages, les tensions sont vives, qui viennent de loin. Le suicide de la mère d'Irene, lorsqu'elle était enfant. Les non-dits et les malentendus entre Gary et Irene, depuis tant d'années. Leur éloignement. L'éloignement relationnel de leurs enfants, leur colère ou leur incompréhension, leur envie de ne pas s'impliquer.
Au fur et à mesure que le projet se met en place, au fur et à mesure des trajets en bateau entre la rive et l'île pour y amener le matériel nécessaire, il devient évident que cela finira très mal. Irene se mure dans la douleur de ses migraines, Gary dans le silence de ses reproches. C'est pesant et tendu.
Et les dernières pages en sont le dénouement terrible et logique. Encore une fois un roman noir et haletant, passionnant et percutant.

et hop! une interview de David Vann concernant Désolations.

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