Un père, un fils.
Jim et Roy, 13 ans.
Sukkwan Island, une île sauvage et déserte en Alaska.
Un père qui souhaiterait renouer avec ce fils qu'il connaît mal, divorce oblige.
Un fils qui accepte de suivre son père sur cette île, pour y vivre une année, pour lui faire plaisir.
Un père mal dans sa peau, qui pleurniche sur ses échecs sentimentaux.
Un fils qui porte silencieusement tout le poids des manquements de son père.
Un père défaillant, détestable, fragile.
Une écriture lente, qui épouse au plus près les étendues hostiles de Sukkwan Island.
Un décor qui se pose petit à petit, au fur et à mesure de l'installation de Jim et Roy sur cette île.
Au début juste un agacement, puis une tension, de plus en plus vive, au fur et à mesure de la mise en lumière de la personnalité du père, du poids qu'il fait peser sur son fils.
L'envie assez vite que cela avance, que l'on arrive enfin au dénouement pour que l'angoisse redescende un peu.
Et lorsque j'y suis arrivée, je l'ai presque regretté : comme si c'était mon impatience qui avait provoqué cela.
Le retournement de situation du milieu du livre est violent. J'ai dû arrêter de lire quelques minutes. Je m'attendais à un point d'orgue, à un événement perturbateur, mais pas celui-là! J'ai été soufflée et mal à l'aise et en colère.
La deuxième partie du livre n'a fait qu'attiser cette colère. J'en ai rarement voulu autant à des personnages de fiction.
Ce livre est pour moi une grande claque. D'une noirceur terrible. Et j'adore qu'un écrivain me malmène comme cela.
Il m'a fait penser à
La Route de Cormac McCarthy, dans un étonnant effet de miroir.
En effet, dans La Route c'est le monde extérieur qui est hostile et violent, alors que la relation père-fils est une bulle salvatrice, le seul endroit au monde où peut encore exister l'espoir, avec un père qui fera tout pour que son fils puisse vivre et être protégé.
Dans Sukkwan Island, c'est exactement le contraire. L'extérieur est paisible, rien ne vient déranger le père et le fils. Et c'est dans leur relation qu'éclatent violence et souffrance.
D'ailleurs, un ami, père d'un garçon de 11 ans, qui a lu et adoré La Route, m'a rendu Sukkwan Island bien avant d'en arriver au coup de théâtre. De se plonger dans cette relation-là a été insoutenable, tellement il était compliqué et difficile de ne pas s'identifier à ces deux personnages avec toute l'angoisse que cela peut générer lorsque les modèles nous sont proches. Sentiment qu'il n'avait pas du tout eu à la lecture de La Route.
Et puis un lien vers un
interview de l'auteur, qui donne quelques éléments plus qu'intéressants sur son livre. A ne pas lire avant la lecture du livre, ça en dévoile trop!
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