[Thomas Silane. T. 1, Flash mortel | Patrice Buendia, Philippe Chanoinat, Yves Lécossois]
Grand reporter au Nouveau regard, Thomas Silane parcourt le monde et prend des risques en allant chercher l’information sur le terrain à l’exemple de l’enquête à Jackson County, en Louisiane. En voulant arracher des mains de ses interlocuteurs, des paramilitaires racistes, un otage noir destiné à être exécuté séance tenante, Silane échappe de peu aux balles de ses poursuivants. Son article publié en France a du retentissement mais le journaliste est dans le collimateur des malfrats. Un cadeau d’un admirateur arrive au siège du journal. Croyant à un colis piégé, le service de déminage visualise aux rayons X un appareil photographique de grande qualité, un Leïkon de 1958. Entre-temps, la fille du préfet est retrouvée morte d’une overdose. Silane se rend sur place et photographie avec son nouvel appareil. En développant et en tirant lui-même ses clichés, il s’aperçoit, médusé, que la photographie révèle la scène de l’assassinat de la jeune femme. D’abord interloqué, Silane remonte la piste de « Bruno Garelli, un salopard de la pire espèce ». Le journaliste a aussi l’idée d’utiliser son étrange appareil photographique afin de prendre des vues de la propriété de ses parents qui s’y sont volatilisés depuis de nombreuses années, le laissant orphelin, lui et sa sœur.
Le scénario est riche et prometteur. Il joue sur trois histoires parallèles sans se mélanger les pinceaux. Il y a d’abord l’enquête au présent avec la recherche du démantèlement d’un trafic mondialisé de jeunes femmes. Ensuite, l’appareil photographique semble être un cadeau diabolique et il agit comme un troisième œil, révélant le passé dans son instant décisif. Enfin, le passé du journaliste avec la disparition énigmatique de ses parents constitue une autre direction scénaristique riche de potentialités.
Le dessin n’est pas dénué de charme bien que l’auteur se montre chiche quant à l’expression a minima de ses personnages, systématiquement bâtie sur le même modèle en concordance avec la palette des couleurs, réduite et parfois ratée, à l’exemple du vert de l’herbe. En revanche, les scènes en infrarouge sont réussies.
Le premier album se lit facilement et plutôt agréablement, le découpage étant dynamique, cinématographique. Les scènes d’action sont nombreuses et rythment bien l’ensemble. Malheureusement, le personnage central, Thomas Silane, n’est guère crédible et il ne génère pas beaucoup d’empathie auprès du lecteur en dépit de son courage, de sa vélocité et de ses bons sentiments. Il semble être l’incarnation du cliché, un beau journaliste rebelle qui ne doute guère, à qui tout réussit ou presque, au pas de charge. Il n'hésite pas à dégainer ses poings et son colt. Il devrait développer davantage d'humilité et ne pas s'emporter à la première rebuffade venue. Son altercation avec son chef de service est un sommet de niaiserie. Il y gagnerait alors en vraisemblance. On peut espérer mieux de cette série journalistico-policière baignant dans l'étrange.
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