[Esprit du Vent. T. 4, Windigo | Gianfranco Manfredi, Pasquale Frisenda]
Langue Juste sait ce que se taire signifie. Le guide indien parle peu mais son discours est fondé sur les diktats de la nature avec laquelle il vit en symbiose. Il mène un groupe de blancs désireux d’ouvrir de nouvelles pistes à travers des territoires inconnus. Il fait nuit et froid au bivouac et les mules prennent peur. Le vent est chargé d’une odeur putride. Les traces relevées dans la neige alentour et l’odeur de charogne indiquent précisément le passage du windigo. Le monstre d’apparence humaine, dentu et griffu, mesure une dizaine de mètres, se déplace avec une vélocité surnaturelle et sa faim est insatiable. Seule l’eau glacée lui répugne. Langue Juste s’enfuit ventre à terre, chute dans le torrent, accoste, hors d’haleine et rencontre le shaman Petite Roche, nain retors aux yeux fardés, accompagné de ses femmes. L’homme-médecine lui fait boire un philtre qui annihile toute volonté. Désormais, le shaman va chevaucher Langue Juste et l’utiliser à sa guise. Entre-temps, le windigo a exterminé presque tous les membres de l’expédition d’explorateurs. A quelques miles, Esprit du vent et Poe chevauchent dans la tourmente. Poe tombe de cheval, terrassé par la fièvre et le froid. Ils trouvent refuge dans le village déserté des Ojbways. Esprit du vent aura fort à faire avec le windigo, le shaman et Guardiana, une des femmes.
Le scénariste Gianfranco Manfredi donne corps à la mythologie amérindienne à travers la figure monstrueuse du windigo, légende née de chasseurs devenus anthropophages par excès de solitude et de famine et depuis hantés par leurs actes de cannibalisme. Le récit baigne dans la froidure crépusculaire d’un hiver américain. Le dessin de Pasquale Frisenda est en accord total avec l’histoire. Les cadrages serrent au mieux l’action alors que le trait rapide, affiné, précis s’articule remarquablement sur les aplats d’ombre, idéalement équilibrés par les blancs des visages et des paysages. L’atmosphère fantastique nimbe chaque case, chaque planche mais la tension de l’ensemble n’exclut pas l’humour notamment quand Poe se fait masser et réchauffer par Esprit du vent.
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