Avec un titre pareil, on pressent un monde hostile, barbare. Une horde s'appliquerait à un groupe de bandits, on s'apprête à assister à des batailles... Ici c'est d'abord à une quête contre le vent qu'on a affaire. Dans un monde balayé par neuf formes de vents, le seul moyen de découvrir l'Extrême Amont final, c'est de connaitre et d'affronter toutes ces formes de vents. Et pour ça, il faut remonter les milliers de kilomètres depuis l'Extrême Aval... à pied. Cela s'apparente à une quête hypothétique et impossible puisqu'aucune horde n'y est parvenue. Le terme horde se réfère ici plutôt au petit groupe que l'hostilité du monde maintient extrêmement soudé, et qui va risquer la vie de chacun des membres pour un but à peine croyable.
Ce roman a eu un gros succès plutôt inattendu : auteur français, petit éditeur, et un texte d'une densité incroyable. Alain Damasio c'est d'abord une plume complexe, lyrique, qui n'hésite pas à flirter avec la philosophie, la poésie sans effet de style. Tout est chargé de sens et mobilise toutes nos facultés de lecteur, notre mémoire aussi bien que notre réflexion.
Cependant, si
la Zone du Dehors était en plus porteuse d'un message politique clair et fort (on ne peut s'empêcher de faire la comparaison), c'est moins évident ici, et pourtant ce type de message sourd tout au long de notre lecture. Car nous ne sommes pas dans le même schéma philosophique. Dès l'entame du roman, on s'imagine facilement au cœur d'une scène gigantesque dans un opéra wagnérien. Chaque chapitre est une nouvelle aventure, une épreuve a priori insurmontable pour nos héros, dans une quête absurde mais indissociable de leur condition. La lecture n'en est que plus intense et passionnante, mais on n'est pas loin de références nietzschéennes perturbantes. En tout cas nettement différentes de celles de la Zone.
Bref les adorateurs de la Zone ne s'y retrouveront peut-être pas dans la Horde et vice-versa...
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