Avec "Solea", le dernier opus de sa "trilogie marseillaise", Jean-Claude Izzo assène au lecteur le coup de grâce...
Dès le départ, l'intrigue est placée sous le signe de la mort, dont Fabio sent l'odeur et la proximité. Dans ce récit aussi, c'est la réapparition d'une femme dont il a été proche qui annonce le début de ses ennuis. Babette, son amie journaliste avec laquelle nous avions fait connaissance dans "Total Khéops", est de retour en France après un long séjour en Italie où elle a constitué un dossier accablant et précisément documenté sur la mafia. En fuite, suite à l'assassinat de son compagnon, et menacée de mort, elle se cache dans un village perdu de Lozère, depuis lequel elle a fait parvenir à Fabio une copie des fichiers relatifs à son enquête.
La mafia ne tarde pas à se rapprocher de l'ex flic, afin que ce dernier les aide à retrouver Babette. Pour le contraindre à leur apporter sa contribution, ses interlocuteurs n'hésite pas à tuer une jeune femme avec laquelle il venait de se lier. Le voilà pris dans une course contre la montre, dont on sait qu'elle est perdue d'avance..
"Solea" est sans doute le volet le plus sombre de la "trilogie marseillaise". L'auteur y brosse le tableau d'un monde soumis au pouvoir de malfrats fortunés qui font régner la terreur, et dont l'influence s'étend telle une toile d'araignée à toutes les sphères économiques et politiques de la société. Il semble ainsi mettre en exergue la fracture irréversible qui sépare d'un côté des populations de plus en plus misérables, négligées par les pouvoirs publics, et de l'autre une poignée d'individus qui peut se permettre, en toute illégalité et en toute impunité, de contrôler le monde et de s'enrichir sans scrupule aux dépens des dites populations.
Finalement, je crois qu'il était temps pour moi que tout cela se termine... D'une part parce que la noirceur que nous impose Jean-Claude Izzo, certes avec talent -le style est à la fois efficace et poétique, les états d'âme du héros dépeints avec une justesse qui le rend particulièrement touchant- a fini par me plomber le moral, et d'autre part parce que j'ai trouvé à certains moments que "Solea" souffrait de redondance. Fabio Montale y exprime son mal-être sur le même ton que dans les deux précédents volumes, et donne finalement le sentiment de toujours ressasser les mêmes idées noires.
Cela ne m'empêche pas d'avoir achevé l'ensemble de cette lecture avec la conviction que Jean-Claude Izzo possédait un réel talent pour nous bousculer et nous émouvoir, grâce à une écriture qui vous impose son rythme, et à sa capacité à créer une atmosphère qui vous englue et vous fascine à la fois.
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