C’est un roman extravagant, irrégulier qui progresse par accumulation reproduisant en tous points les aventures de Don Quichotte. D'une certaine façon, en fait, l'idée initiale d’Hellens doit avoir été l’adaptation du modèle de Cervantès à la nouvelle passion littéraire des masses, qui était dans les années 20, le polar. Le personnage qui choisit de s’appeler Œil-de-Dieu est un émule de Don Quichotte, sauf qu'au lieu de lire des romans de chevaliers et de dames, il dévore du Scherlock Holmes, du Fantomas et sur cette base, il décide de racheter le monde.
Jusqu’ici, il s’agirait uniquement d’une double parodie : celle du roman policier et celle de Don Quichotte, mais le livre prend vite une tournure différente, en reconquérant une autonomie complète. Œil-de-Dieu, avec son personnage dégingandé et étonné du monde qui l’entoure, ressemble étroitement aux personnages des films comiques.
Sa folie, son incompétence, son anxiété pour la délivrance du monde renverse en quelque sorte la réalité, la déforme, la façonne, en créant une sorte de court-circuit qui ne s'arrêtera pourtant pas avec un affranchissement, comme souvent dans les films comiques mais avec une déviance continue qui n'aura réellement pas de fin.
Franz Hellens est né en 1881 et meurt en 1972, il est un des plus importants écrivains belge flamand, pseudonyme de Frédéric van Ermengem.
Auteur très prolifique, Œil-de-Dieu est considéré comme un de ses meilleurs livres, il s’est révélé avec succès dans presque tous les genres littéraires, de la poésie au roman au récit. Bien qu'il soit mieux connu pour sa poésie. Il fut ami d'Ungaretti et de De Chirico, portraituré par Modigliani, admiré de Nabokov.
Un roman intelligent, bien construit, à ne pas rater.
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