[Jours de guerre - Ma vie sous l'Occupation | Berthe Auroy, Philippe Claudel (Préfacier), Anne-Marie Pathé (Annotateur), Dominique Veillon (Annotateur)]
Berthe Auroy est retraitée de l'Education nationale lorsque la guerre la surprend à Chartres. Son amie américaine Loïs, mariée au célèbre violoncelliste Maurice Maréchal, est retournée aux Etats-unis. C'est pour son amie que Berthe va écrire ce journal au fil des jours de l'occupation allemande.Le style est agréable,"naïf" dit Philippe Claudel dans la préface ce, qui me semble un peu condescendant...
Tout ce qui fait la vie sous l'occupation est relaté par Berthe : les difficultés d'approvisionnement,la brutalité des allemands loin de l'image " korrect" qu'ils voulaient donner,les petits faits de résistance, les voyages éreintants pour trouver de quoi manger, l'ostracisme envers les juifs ; à ce sujet Berthe , dont beaucoup d'amis sont juifs, s'est très vite rendu compte de l'iniquité du nouveau régime de Vichy, même si elle garde un respect ému pour le veillard qui le dirige. Elle est comme une majorité de Français qui au début n'aimaient pas les allemands mais idôlatraient presque le Maréchal. Celà ne durera pas.
Une de ses amies va d'ailleurs être déportée et ne reviendra jamais. Berthe Auroy ne soupçonne pas ce que les nazis envisagent pour se débarrasser des juifs et ce n'est qu'au retour des camps ,dans la France libérée , que l'immonde vérité apparaîtra au grand jour.
Ce journal se termine le jour de l'armistice mais les pages comprisent entre la libération de Paris et le 8 mai 45 sont également très intéressantes. Ce sont une succession de "choses vues", de petits croquis évoquateurs des premiers mois de la France libre : les défilés patriotiques,les tirs des tireurs embusqués sur les toits de Paris, De Gaulle et les FFI,les filles au cou des américains, et les difficultés d'approvisionnement toujours présentes.
Extrait (révélateur ! ) : "Bien sûr on éprouve un immense soulagement de savoir que la guerre est finie, mais le présent et l'avenir restent encore trop sombres pour qu'on témoingne d'une joie exaltée. Malgré tout l'espoir est permis: espoir de jours meilleurs, espoir d'une liberté plus grande,espoir d'une moralité plus élevée à mesure que reprendra la vie normale,car, il faut bien le dire, notre pauvre pays est tombé bien bas sous ce rapport, et c'est l'avis général que nous vivons l'époque la plus corrompue. "Tout est pourri" disent les gens. " Donc déjà en 1945...le "Tous pourris" aura de l'avenir !
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