La collection Mimolette aux éditions de L’Association contient quelques bandes dessinées en noir et blanc uniques et terriblement attachantes quand on les a découvertes à l’exemple de celles de Mattt Konture ou de Winshluss.
Pat Boon est une merveille qu’on lit d’une seule traite car elle ne contient que trente-deux pages et dans laquelle on revient puiser sans soif, histoire de s’amuser encore une fois et de s’attarder sur les multiples détails graphiques qui émaillent un récit à l’humour noir corrosif. Pat Boon, avec sa face de pleine lune coiffée d’un minuscule chapeau rond aimerait satisfaire sa libido en la nimbant de sentiment mais si sa voisine semble répondre à ses critères refoulés, Peggy, la bimbo à groin voisine de palier, n’a que faire d’un nabot qu’elle ne voit même pas mais qu’elle renifle dans l’ascenseur avant de s’enfuir à toutes jambes, horrifiée. Pat insiste dans l’espoir vain de s’approcher de Peggy. Son ami glandeur, Fat Slim, l’entraîne dans un bouge et lui laisse l’addition car « les amis c’est fait pour ça ». Fat Slim va ensuite projeter à Pat Boon un film porno dans lequel Peggy subit les assauts d’un bluesman reconverti en étalon. De dépit en désespoir, Pat atterrira en prison et découvrira derrière les barreaux la tendresse avec une brute épaisse vêtue d’un maillot de corps sur lequel on lit « végétaline ». Tout un programme !
Une nouvelle fois il est impossible de résumer une œuvre de Winshluss tant elle fourmille de gags, de clins d’œil, de références. La fluidité narrative est exemplaire car les chapitres et les strips s’enchâssent intelligemment et les scénettes se touchent et se décroisent pour former en bout de course une histoire cohérente sur toute la longueur. La Grande Dépression américaine sert de toile de fond et les encagoulés du Klan, racistes en diable, de ridicules et dangereux qu’ils sont, finissent par devenir émouvants. Comme toujours chez ce dessinateur hors pair, la couverture est géniale et graphiquement magnifique. Elle se conclut en quatrième de couverture avec la décapitation du petit clown désabusé et le passage de la fanfare des grotesques, Fat Slim en tête de cortège. L’arbre sur lequel Pat à gravé un cœur, d’abord en colère, sourit de satisfaction au-dessus du cadavre étêté du pauvre Boon. Dans le monde enchanté des cartoons, Winshluss dynamite les codes et insuffle une vision pessimiste de l’humanité mais le tout reste revigorant et franchement drôle. Pat Boon contient déjà tout ce que l’auteur va ensuite déployer dans les œuvres magistrales que sont
Smart Monkey et
Pinocchio.
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