[Tex. Maxi n° 9, La piste des embuscades | Gianluigi Bonelli ; Aurelio Galleppini]

Au XIXe siècle, dans les grandes prairies américaines de l’ouest, les garçons vachers ont le cuir aussi épais que les Longhorns pour les mener sur des milliers de kilomètres à travers des terres sauvages jusqu’aux villes disposant d’une infrastructure ferroviaire, le train acheminant ensuite les milliers de steaks sur pattes vers les grandes villes américaines. Une poignée de cow-boys bien organisés savaient mener d’énormes troupeaux sur des pistes devenus mythiques à l’égal de la Chisholm Trail serpentant entre le Texas et le Kansas, aujourd’hui goudronnée et parcourue par l’autoroute Highway 81. Fort de cet aspect historique, le scénariste Gianfranco Manfredi a concocté une palpitante histoire dûment chapitrée à partir de laquelle le talentueux dessinateur argentin Miguel Angel Repetto exerce la souplesse de sa plume cerclant amoureusement hommes, animaux et paysages, la belle régularité de son trait hachuré délivrant des grisés aériens et sa science des aplats noirs donnant une belle ossature à l’ensemble. Tex Willer et Kit Carson, sous la pluie battante, croisent la route d’un troupeau quasi à la dérive mené par des hommes exténués et dépassés. Les deux rangers prêtent main forte aux cows-boys et découvre le fort tempérament de la patronne, jeune et belle veuve, June Peacock, bien décidée à joindre Dodge City via Abilene afin d’écouler au meilleur prix son troupeau dans l’espoir de se renflouer. Son ranch est au bord de la faillite et ses employés sont presque sur la paille. Thorn Miller, un rancher véreux, voleur et assassin, souhaite s’enrichir toujours plus et tous les moyens sont bons. June Peacock représente un obstacle coriace d’autant plus que Tex et Kit ont décidé de l’épauler dans son convoiement. Miller va détourner le train afin d’être le seul à pouvoir négocier avec les acheteurs de la ville mais sa voracité les laisse dubitatifs. Le récit va être pimenté en cours de chevauchée par les comportements des hommes, un traître se cache parmi le personnel de June Peacock, par l’élucidation du meurtre du mari de June, par des guerres tribales indiennes. Au bout du compte, des têtes vont tomber mais la lumière va se faire et le soleil percer enfin les épaisses nuées qui plombent continûment la transhumance des bovins.
L’édition prestige permet par son grand format et la qualité d’impression d’apprécier l’œuvre « willerienne » et de s’attacher toujours un peu plus, si c’est encore possible, au personnage emblématique qui doit compter aujourd’hui pas moins de 80000 planches qu’auront signé une cinquantaine d’auteurs souvent inspirés.

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