[Le grand Diabolik. T. 4, Eva Kant | Angela et Luciana Giussani]

Eva Kant partage un amour inconditionnel avec Diabolik. L’homme aux mille visages en latex souhaite apporter ce qu’il y a de meilleur à son adorée. Pour se faire, il va s’emparer du Diamant rose dans le coffre-fort d’une banque de Clerville et après un excellent dîner en tête-à-tête avec Eva, lui offrir le précieux bijou. Or, contre toute attente, Eva semble effrayée par le diamant. Les souvenirs affluent soudain malgré elle. Eva va alors raconter la fin de son enfance et la perte définitive de son innocence. Sa mère, Caterina, est la maîtresse cachée de l’aristocrate Rodolfo Kant mais ce dernier, à la mort de son père, Lord Charlus Kant, vient lui offrir le Diamant rose en gage de sa sincérité et de son désir de l’épouser. Caterina, toute à sa joie, remet spontanément la correspondance échangée naguère entre les deux amants, source potentielle de chantage. La récupération de ces lettres compromettantes constituait la seule motivation du veule Rodolfo obéissant à son cousin, Lord Anthony Kant, dénué de tout scrupule et hautement imbu de sa caste. Maintenant, il s’agit de faire disparaître physiquement Caterina et Eva ; les deux hommes de main de Lord Anthony, Ettore et le « Silencieux », se mettent en route. Chemin faisant, le scénario machiavélique ourdi par les méchants va bifurquer car Eva Kant se révèle pleine de ressources. Dans le collège « pénitencier » de Morben, Eva va se durcir et faire ses armes. Une confrontation ultime aura lieu entre les fauves, Eva, Anthony, ses sbires et une panthère déchaînée.
L’édition française reprend la collection italienne « Il grande Diabolik » qui est semestrielle et possède près de deux cents pages. Débutée en 1997, elle compte aujourd’hui 22 aventures. En France, Clair de lune regroupe deux histoires en un volume selon « l’ordre chronologique des événements et non dans l’ordre de parution en Italie ». Approcher Diabolik par sa femme, Eva Kant, peut s’avérer payant car Eva est un personnage attachant, certes inflexible quand l’action est lancée mais elle semble davantage lutter pour sa survie que dans le seul but de voler ou d’assassiner ses semblables. Elle paraît plus humaine que Diabolik. Le scénario centré sur Eva relie habilement les fils décousus d’un personnage central en comblant les blancs et les lacunes sur l’enfance de l’héroïne. L’ensemble tient bien la route et se lit sans temps mort ni ennui. Le dessin expressif et stylisé est bien servi par des cadrages dynamiques et très cinématographiques. Certaines coulées d’ombre dans les aplats des planches constituent de belles réussites graphiques.

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