Ma deuxième expérience de lecture d'une pièce de Koltès que voici, dont la date (1985) est très antérieure à celle de l'autre, ne m'a pas donné autant de plaisir que la précédente. Je trouve l'empreinte du théâtre de l'absurde de marque beckettienne trop marquée pour ne pas me faire préférer la source originaire...
Absurde dans la trame et dans le cadre de l'action, un hangar abandonné sur la jetée du fleuve où Koch tente de se suicider et que l'on tente de racketter après l'avoir repêché, elle l'est aussi dans les dialogues à trous, entre couples de personnages glauques et invraisemblables. Tous ceux-ci se caractérisent graduellement par leurs paroles, mais, pour la plupart d'entre eux, cette caractérisation reste incertaine longtemps, leurs différents registres d'expression et divers tics de langage ne suffisant pas à en éclaircir les traits, et leurs rapports réciproques demeurent imprécis ou obscurs. Un personnage muet est également présent, Abad, à qui sont attribués des passages romanesques très jolis, devant être lus sans doute par une voix off.
Une note annexe : "Pour mettre en scène Quai Ouest." insiste sur la nécessité d'éviter "de prendre au sérieux des choses qui ne le sont pas, de rendre tristes des scènes qui devraient être drôles, et d'éliminer tout le tragique de cette histoire." (p. 104). Elle précise donc in fine une approche de lecture que je n'avais pas du tout imaginée jusque là... c'est tout dire... de mes limites interprétatives ou de celles du texte.
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