Bien que "Résurgences", le dernier roman en date d’Ayerdhal, soit paru cinq ans après "Transparences", dont il est la suite, il est fortement recommandé de laisser entre la lecture de ces deux titres le laps de temps le plus court possible, complexité de l’intrigue oblige !
De plus, ce deuxième opus démarre sur les chapeaux de roues, et ne nous laisse pas vraiment le temps de nous remémorer les épisodes précédents…
Nous y retrouvons Ann X., la mystérieuse meurtrière en série de "Transparences", dont seuls quelques proches savent qu’elle est toujours vivante après qu’elle ait mis en scène sa mort de façon spectaculaire, dans le but de leurrer ses poursuivants.
Pour l’heure, grimée en mendiante, elle fait la manche sur un trottoir de Lyon.
En planque sur le toit du bâtiment d’en face, le Marksman, légendaire tireur d’élite, la tient dans la ligne de visée d’une arme à longue portée.
Pendant ce temps, Stephen Bellanger, l'expert qui fut en charge du dossier Ann X. pour le compte d'Interpol, est kidnappé alors qu’il assiste à un congrès de criminologie par un agent de la DST. Ce dernier espère exploiter ses compétences pour élucider une énigmatique affaire qui semble porter la marque de la meurtrière officiellement défunte...
Ayerdhal confirme avec ce roman le talent qu'il déployait déjà dans "Transparences", celui d'un véritable artisan de l'intrigue, qui tisse sa toile avec une extrême habileté, imbrique les hypothèses, multiplie les pistes... il faut dire qu'en choisissant comme contexte pour son histoire le monde obscur des services secrets et de ses manipulations, il s'est donné matière à faire dans la complexité.
Ce que j'ai particulièrement apprécié ici, c'est que l'auteur s'attarde davantage qu'il le faisait dans le précédent opus sur l'aspect socio-politique de son récit, qui se déroule en 2006. Il nous rappelle notamment qu'un certain ministre de l'intérieur prépare les jalons de la future campagne présidentielle, effrayant les français en brandissant l'épouvantail de l'insécurité, et désignant comme boucs-émissaires les plus vulnérables et les plus démunis, ceux qui n'ont habituellement pas la parole, et qu'Ayerdhal -une fois n'est pas coutume !- met sur le devant de la scène.
Un roman dense, passionnant, qui ne décevra pas (au contraire !) les lecteurs de "Transparences".
Quant aux autres, vous savez ce qu'il vous reste à faire...
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