Recueil d’aphorismes concocté au rythme des déconvenues et des menus plaisirs de la vie, ces Textes sans paroles ne sont pas sans maux à la clé. Ylipe [Philippe Labarthe] (1936-2003) justifie sur le rabat de couverture la pratique de ses pensées brèves et concises : « Déjà petit/on me coupait la parole… Puis j’ai remarqué/que ceux qui parlaient beaucoup/s’arrêtaient souvent/pour reprendre un peu d’air//c’est par ces lézardes/que je me suis glissé dans les conversations… je devais être bref. » La lecture du petit livre de 83 pages agrémenté des dessins de l’auteur se fait sans détour et sans se fouler. Si certaines pensées sentent un peu le réchauffé quand le temps est aux frimas et à la grise mine, d’autres conservent la senteur des origines, quand elles jaillissent et répandent des éclats de pleurs ou des gouttes de rires, c’est selon : « Un soupçon de vanille ne suffit pas pour inculper le gâteau » ; « De sous une jupe, le nain ne sort pas grandi » ; « Je ne crois pas à la fin du monde, du moins pour ces jours-ci ». A la mélancolie qui se dégage de l’ensemble des maximes mises bout à bout, on perçoit une pensée en mouvement et une vision désabusée du monde et cela donne davantage de relief à l’humour : « J’ai raté ma vie d’un bon mètre » et le lecteur ne ne perd pas complètement son temps à découvrir et déguster Ylipe malgré la décence et la modestie de l’auteur.
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