1917. Début du dadaïsme, avec tout ce qu'il réservait alors de déconstructif. Cette oeuvre qui inspira beaucoup Henri Michaux se compose de fragments de quelques lignes, souvent introduits par les points de suspension. Dans les premiers chapitres, j'ai essayé d'imaginer un monologue dans lequel la Paresse personnifiée s'adresserait à un personnage caractérisé : la petite prostituée (I), le philosophe (II), l'artiste (III), le mécène (IV)... Ensuite, je me suis rendu compte que je pouvais tout aussi bien renoncer à cette hypothèse...
Est-ce utile de préciser que la paresse n'est pas le thème unique ni même principal du texte ; éventuellement un refrain qui émerge inopinément.
Pourtant, c'était bien ce qui m'intéressait. Donc je prends ma revanche en ne piochant, pour mes citations, que dans ces mélodies-là...
... Je suis affamé de liberté.
Et me saoûle à la paresse.
Déjà je te vois submergé
par l'innombrable des nuances,
bouilli sous les éboulements,
quand les pioches te déblaient.
(p. 36)
La pensée te domine -
la faim guide l'affamé.
Ici la paresse éblouit l'idée
domine la pensée et la guide.
Le merle, toujours, a chanté une valse lente.
A d'autres les trilles et les arpèges.
(p. 40)
... Tu t'obstines ?
La paresse est la grande volonté
qui tourne le ciel et la terre !
(p. 55)
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