Recueil de très courtes nouvelles, certaines tiennent en deux pages à peine, Mendez est l’œuvre de l’écrivain barcelonais Francisco Gonzalez Ledesma (né en 1927), auteur fécond aux pseudonymes multiples, franquisme oblige. Bien que la couverture en noir & blanc soit peu attrayante, la première nouvelle intitulée « Solitude » happe immédiatement l’attention. Le lecteur glisse un « sourire voilé » à la dernière phrase lorsque Méndez répond à son commissaire au sujet de l’arrestation ratée d’un malfrat nommé Melgares : « J’ai arrêté son chien ». La suivante, « Les oiseaux », est du même tonneau bonifié. Il y a de l’amertume dans ces vies brisées et croquées au vif mais aussi une telle compassion que le temps rompu des petites gens en restitue un sucre raffiné que l’on garde le plus longtemps possible en bouche comme l’écume des jours aux commissures des lèvres quand l’effort de vivre nous a fourbu. Dans cette mélancolie pointilleuse, dans l’attention portée aux événements flous et ténus, aux atmosphères volatiles et palpitantes, Méndez fait merveille. L’inspecteur a la mémoire infaillible des lieux et des hommes du Barrio Chino de Barcelone, un quartier populaire en voie de disparition. Francisco Gonzalez Ledesma l’annonce dans sa préface d’août 2003 : « Méndez est donc un homme de comptoirs crépusculaires, de rues teintées de gris et de lèvres de femmes écarlates, autrement dit un homme d’histoires souterraines et de vérités occultes. » La tristesse nimbe le cœur des hommes mais la cocasserie ou la fanfaronnade agrémentent parfois certains récits. L’ensemble finit par composer une mosaïque impressionniste et cohérente d’une ville terriblement attachante.
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