Ceux qui ont lu
Le Maître et Marguerite se souviendront sans doute des très belles pages du début qui mettent en scène Jésus face à Ponce Pilate. Ce roman est aussi, entièrement, une biographie fantastique de Jésus (avec une prémisse remontant à la Genèse), fondée en (grande ?) partie sur les Evangiles apocryphes, je suppose, et qui constitue une sorte de fusion entre la tradition biblique et celle des pratiques des yogis. Le Jésus de Clément, elle-même "rejet[ant] Dieu", est en effet un homme, un athée parvenant à force de moult expériences à rejeter son identité messianique inculquée, un initié au yoga que sa pratique permet d'accomplir les guérisons notoires et de se séparer temporairement de son corps lors de la crucifixion, un jeune au psychisme dérangé et par conséquent au comportement ambigu au cours de sa prédication, mais qui parviendra à se "guérir" avec l'âge, un idéaliste ayant un enseignement définitivement, irrémédiablement incompris enfin, qui vivra très vieux, réconcilié avec les hommes grâce à l'amour de Marie de Magdala, et dont les jours se termineront... en Inde, justement. Plus étonnant encore, les personnages principaux, les véritables auteurs du destin de Jésus, sont deux anges : Iblis et Lilith, dont il s'émancipera sur le tard...
Certains passages, ceux qui décortiquent les contenus évangéliques par le détour des apocryphes semblent très rationalistes ; d'autres restent très "légendaires" et mythologiques. Au fil narratif principal ("La version des anges") sur Jésus fait écho la méta-narration impliquant la narratrice et le mystérieux personnage du grand Thaï qui lui raconte l'histoire, en un peu plus de vingt-quatre heures, dans un cadre qui ressemble à Bénarès.
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