Dum-Dum, anglicisé en Bang Bang, a des « seins merveilleux, un cul sculpté par les anges, une bouche faite pour l’amour » comme le clame à l’unisson le chœur des truands, faux durs aux cœurs mous, quasi liquéfiés derrière la porte de la chambre du chef, inquiets à l’idée qu’Al Capone ne tue Cicca Mammone. La bombe sexuelle est aux mains du mafieux. Elle doit payer sa dette d’argent de sa vie et le balafré « a un cœur de pierre ». « Il ne se laisse jamais aller à la moindre émotion. » Que va-t-il advenir de La Fiancée d’Al Capone la veille de la Saint Valentin ? Pour mémoire, dans la nuit du 14 février 1929, fête du patron des amoureux, eut lieu à Chicago, un massacre entre bandes rivales. Alphonse Capone fit exécuter de sang-froid sept hommes de Bugs Moran, le gang des Irlandais. Alors, la question est de savoir si Cicca a bien ramolli le balafré ou si son attendrissement passager pour la belle fessue ne l’a pas propulsé au firmament des gouapes, là où brûlent les étoiles effondrées de tous les damnés ? Scarface est entré dans la petite histoire dégénérée grâce aux films noirs sur la prohibition mais tout le monde semble avoir oublié Cicca Bang Bang. Heureusement, Trillo et Bernet redessine l’histoire d’Al Capone et réhabilite les seconds couteaux et le troisième homme, ici une femme fatale. La première aventure de Bang Bang est une sucette au vitriol, une gourmandise aux relents mortifères. Les fellations fusent, les coïts s’enchaînent, les jouissances explosent et les trous de balles signent les arrêts de mort. Ca ferraille sec et ça dessoude grave au pays de la liberté. Dans un monde de brutes et de machos, les femmes jouent du téton et de la fesse pour s’en sortir. Les méchants ont les feux fumants et les pétards mouillés. Evidemment, la particularité de Cicca est de jouir à répétition avec n’importe qui. Condamnée à mort par Al Capone pour lui avoir dérobé un pécule conséquent, elle s’enfuit et se cache avec son amant déguisé en mère acariâtre mais un autre chef mafieux, Salvatore Cornintesta, accompagné de son garde du corps Zosimo, en pince pour Cicca. Le vaudeville graveleux guette mais les pastilles valda ne sont pas que pour la toux. En deux cases expéditives, on saisit le second sens du pseudonyme de Cicca, Bang Bang.
Dessiné à l’emporte-pièce par Bernet, l’album se lit sans enthousiasme et sans déplaisir. On peut légitimement lâcher un bâillement entre deux coïts tant ils abondent pour un oui, encore, ou un non, pas ça. Parfois, une légère surprise avive l’intérêt, à l’image du gang d’Alphonse armant leurs mitrailleuses un certain 14 février 1929. Là, on ne rigole plus hormis les caniveaux où le sang rigole.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]
Afficher toutes les notes de lectures pour ce livre