Laure est né à « l'extrême bord du monde », comprenez à Eourres, petit village de Provence, perdu entre les montagnes sculptées par le vent. Un pays sans grâce, un coin sauvage, reculé, isolé et silencieux, un endroit où la nature ne laisse guère de place à l'humanité. Laure pèse 750 grammes lorsqu'elle naît d'une mère incapable de l'aimer. Elle n'aurait pas du survivre mais elle fut sauvée par l'amour et la prévenance de sa grand-mère et de ses tantes. Laure est une gamine tenace, qui a du caractère et qui tient à la vie. À onze mois, la voilà qui lance un tonitruant « salut la compagnie », reprenant ainsi les mots avec lesquels le facteur salue chaque matin les gens de la ferme. À 3 ans, elle apprend à lire sur le calendrier des postes, et à 6 ans, à conduire le troupeau. Et dans la ferme où chaque jour la tâche, difficile, se répète, personne, jamais, ne prononce le mot aimer.
« Qu'est-ce que ça veut dire aimer ?
- Je l'ai lu dans un livre, dit Laure.
- A la maison, depuis que je suis né, personne, tu entends bien ? personne ! n'a jamais prononcé ce mot. Le mot aimer et le mot tendresse n'ont jamais fait souche ici. Le bonheur, ajouta le grand-père, c'est une distraction de riches ! »
Mais Laure sait lire le monde, apprécier les poiriers en fleur et les parterres de muguet, et elle garde, toujours, une indomptable joie de vivre. Et elle ne se résigne pas. Elle sera ainsi sauvée d'un destin tout tracé par sa curiosité du monde, son amour des livres et du savoir, mais restera liée à jamais au pays rude qui l'a vu naître et qu'elle ne renie pas.
Pierre Magnan livre avec ce roman le joli portrait d’une petite fille tenace et attachante, une histoire simple où l'on se glisse sans peine. Au fil de la lecture sourd un sentiment de tristesse et de tendresse mêlée pour cette petite fille courage bien malmenée par la vie. Toutefois, la succession de difficultés et de malheurs que rencontre Laure paraît excessive : le procédé, trop démonstratif, alourdit quelque peu le récit.
Ce roman est aussi une plongée dans un naguère qui longtemps parut immuable mais qui pourtant actuellement se délite, inexorablement. Et l'on ressent toute la nostalgie de l'auteur pour cette vie rurale qui disparaît peu à peu et à laquelle il rend hommage.
le cri du lézard
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