Beaucoup de ressemblances avec les livres d'Antonio Lobo Antounes, auteur portugais lui aussi. Difficile à lire, ponctuation aléatoire, description très imagée, très parlante. J'ai toujours du mal, comme avec Antunes, à "entrer" dans l'histoire, je relis toujours les 30 premières pages une deuxième fois et quand je suis bien dans l'histoire, je me régale.
Quelques passages de description du sordide:
"Description (et création) de la femme dont son ami est amoureux:
" Reste qu'ayant fait l'homme à Son image,c'est à dire à Son apparence, il a
bien fallu qu'à un moment dont on ne peut pas juger s'il fut de lassitude,
d'exaspération ou de dépit envers la Création, Il a pétri dans le fumier et la
caillasse, ça se voit, Potier pressé, Maçon malhabile, Manoeuvre de peu de soin,
ouvrage bâclé. Il a expédié ça, vite fait, la pierraille en même temps que la
marne, l'argile grossière, la glaise épaisse, la taille approximative, la
ronde-bosse mal polie. De telle sorte qu'on a ça, ces jambes courtes, ce modelé
sans grâce, cet inachèvement du visage, cette absence de fini, ce chanvre au
lieu de cheveux, ça qu'Il fait laid, et pauvre de surcroît, et de surcroît
analphabète, et de surcroît têtue, de telle sorte qu'elle finit par monter la
mule, c'était prévu, la mule qui la fait tomber, donc abîmée, la main entravée,
inapte, laideur greffée sur une laideur née."
Description de la terre dont elle a l'entretien:
"Lui, ça ne le rebute pas, il avance. Tête baissée entre des arbres qu'à
l'évidence personne, hormis la pluie n'a gaulés, verger abandonné, le fruit mûr
contaminé par celui qui sèche dans la cosse, la lèpre sur des feuilles, le tronc
moussu, des fourmilières dans les racines, le maïs dans sa barbe brûlé, rien de
taillé, le seau du puits rouillé, sa pierre crottée, les bêtes vautrées dans la
fange; la terre, malgré toute cette pluie, honteusement sale, et le loyer de la
terre, dit Morgado, qui cette année, n'aura même pas été payé."
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