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[Le pied à l'encrier | Pierre Peuchmaurd] |
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Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
Âge: 64
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Posté: Jeu 11 Fév 2010 11:50
Sujet du message: [Le pied à l'encrier | Pierre Peuchmaurd]
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Dans mes vers de mirliton, je préfèrerais faire rimer Pierre Peuchmaurd avec bonheur et non avec moche mort. Le poète est parti tel un funambule sur le fil d’avril, en l’an sans grâce 2009. Ses yeux sont éteints mais les visions demeurent. Ses écrits attestent d’une acuité perçant les êtres et les choses jusqu’à la trame et à l’incandescence. Avec Pierre dans la poche, on est lesté, moins égaré dans l’inconsistance du monde et la pauvreté des regards. On peut sans risque s’accouder au vent et siroter son bol d’air. L’éditeur Les loups sont fâchés a fait du beau travail avec le recueil de Pierre Peuchmaurd, Le pied à l’encrier. Le lecteur heureux va faire main basse sur les précieuses notes de lecture du poète et marcher tête haute, le cœur farci d’éblouissements. Par la force d’une pensée sertie dans une phrase apparemment évasive, le splendide Rimbaud revient à nous dans la fraternité intemporelle des poètes : « Là-bas, comment pensait-il à Verlaine et à Germain Nouveau, à Delahaye et Izambard ? Car on ne peut pas nous faire croire qu’il n’y pensait jamais. Jamais, cela n’existe pas. Pensait-il encore à la Commune ? » Ce genre de remarque me file le frisson. Les morts ne sont pas ceux qu’on croit. « Rimbaud, le Cuif errant. » Il y a, comme on dit, les affinités littéraires, Baudelaire, Rimbaud, Hugo, Nerval, Stendhal, Balzac, Barbey d’Aurevilly, Emily Dickinson, etc. « les véritables vivants » et les autres, les creux et les snobs, les baudruches et les imbéciles. Descartes, Derrida, Heidegger (« Heil, deux guerres ! »), Lacan, la liste est ouverte. « Mais il faut vraiment lui éclater la gueule, à ce Bobin ! Il verra ce que c’est que les anges. » Cette énervement de plume me chatouille les zygomatiques et me réjouit irrésistiblement car il faut dénicher la niaiserie et la roublardise sous l’emballage chatoyant des mots. Il faut garder l’esprit critique et ne pas se perdre dans une pensée méandreuse, approximative, voire vaseuse. Pierre Peuchmaurd le fait très bien et si ses prises de position courageuses peuvent parfois déconcerter (la critique de la peinture de Cézanne à laquelle je ne souscris pas un seul instant par exemple : « Non seulement c’est un peintre à chier, un des plus grossiers de l’histoire, pochetron à la tête carrée, sans ivresse ni flacon… »), il y a des formules superbes, des aphorismes acérés, des envolées émouvantes : « Emily Dickinson – sa gravité légère qui inverse la chute, sa montée non vers un Dieu qui n’est pas, mais vers un ciel qui plie sous sa douleur à elle, sous l’irrésolution et sous le poids affolé de tout. » On apprend, on s’émeut, on s’amuse aussi. On a envie d’aller de l’avant et d’emporter dans ses fontes des munitions pour la route, une pile de livres du poète, avant que tout ne parte au pilon et ne s’épuise irrémédiablement, nos vies ahanantes et les voix chères, de concert.
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[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur Wikipedia]
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Dernière édition par Franz le Lun 15 Fév 2010 18:24; édité 1 fois |
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Re: [Le pied à l'encrier | Pierre Peuchmaurd] |
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apo
Sexe: Inscrit le: 23 Aoû 2007 Messages: 1965 Localisation: Ile-de-France
Âge: 52
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Message |
apo
Sexe: Inscrit le: 23 Aoû 2007 Messages: 1965 Localisation: Ile-de-France
Âge: 52
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Posté: Sam 13 Fév 2010 14:48
Sujet du message:
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« Franz » a écrit: marcher, aimer et rêver (mais cela fait un tout) et la poésie
Bonjour Franz,
j'admire sincèrement ton emploi du temps ; je l'envie aussi un peu, mais sans malice, évidemment.
Quant à la fameuse liste de justiciables aux yeux bandés (?!), que je ne pensais pas de toi, elle m'a soudain inspiré le jeu futile du "cherchez l'intrus" des QCM :
"Trouvez le non-philosophe, le non-français, le non-anticogito, le non-antihumaniste, le non-idéaliste, le non-XXe siècle..." Y en a-t-il encore ?
A bientôt,
apo
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_________________ Sunt qui scire volunt |
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
Âge: 64
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Posté: Lun 15 Fév 2010 11:20
Sujet du message:
Description du sujet: Cherchez l'intrus, turlututu, au chapeau pointu
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Bonjour apo,
Je crois que d'après les règles du QCM, il y a des intrus qui sont des cumulards. Descartes serait relativement insignifiant si sa "Méthode" n'avait pas été érigée en système bien accordé au dogme religieux, corsetant les mentalités pour les siècles des siècles, taillant la nature au carré, méprisant la vie animale, etc. Les philosophes seraient peu s'il n'y avait les moutons et les bourreaux pour les suivre de temps à autre. C'est une constante humaine de vouloir justifier ses ignominies, ses traîtrises et ses lâchetés.
J'ai toujours préféré les raccourcis fulgurants de la poésie à la logorrhée absconse des philosophes mais ceci n'engage que moi.
Allez, je cesse mon bavardage futile et te souhaite une bonne semaine.
Franz
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Message |
apo
Sexe: Inscrit le: 23 Aoû 2007 Messages: 1965 Localisation: Ile-de-France
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Posté: Lun 15 Fév 2010 13:37
Sujet du message:
Description du sujet: Méfions-nous aussi de l'antiphilosophie!
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« Franz » a écrit: Les philosophes seraient peu s'il n'y avait les moutons et les bourreaux pour les suivre de temps à autre. C'est une constante humaine de vouloir justifier ses ignominies, ses traîtrises et ses lâchetés.
Bonjour Franz,
Effectivement, dans ce genre de conversation, on finit par aboutir sur ses propres goûts et dégoûts. La philosophie fut pour moi une passion de jeunesse, à laquelle je n'ai pas été fidèle, mais que j'ai continué de fréquenter parfois en ami. Il m'arrivera sans doute encore de passer du bon temps en sa compagnie. Si cette vieille dame avait besoin d'être défendue par moi, je dirais que qu'il n'y a qu'elle qui s'attelle depuis des millénaires aux mêmes questions, dans une démarche si éloignée du dogmatisme (idéologique et surtout) religieux qu'à chaque génération, chaque penseur d'envergure opère une relecture différente depuis le début. Par définition, aucune réponse définitive n'est donnée, sinon, on sort justement de la philosophie.
Pour ce qui est des moutons et des bourreaux, métaphore que je prends comme une petite provocation de ta part, je t'invite à penser à ce qui se passe en l'absence de la vieille dame - sachant qu'il ne s'agit pas de penser par absurde, mais simplement de se pencher sur l'histoire des totalitarismes, tous ses ennemis...
Pour ce qui est de la justification des ignominies, est-ce que tu as bien pensé aux philosophes depuis l'après-guerre (à commercer peut-être par Hannah Arendt), surtout français mais pas uniquement, jusqu'au déconstructivisme et au-delà ? La critique qui peut leur être adressée serait plutôt l'inverse, n'est-ce pas ? (A eux comme aux sociologues et autres chercheurs en sciences sociales : je mets dans le tas "ton" Lacan, Barthes, Derrida, Lévi-Strauss, Morin etc.).
M'enfin, je ne voudrais pas non plus avoir l'air de faire du prosélytisme...
Bonne semaine à toi aussi,
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_________________ Sunt qui scire volunt |
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Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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