[L'Évangile au risque de la psychanalyse Tome 1 | Françoise Dolto]

Mon deuxième Dolto, après le complexe du homard.
Souvent le discours psy me gonfle. Ce livre n'a pas échappé à ma gonflitude. Mais ça ne veut pas dire que je n'ai pas apprécié. Il y a juste certaines phrases qui ne me parlent pas du tout, et c'est peu dire. Un exemple? Allez, pour le plaisir :
"On devrait dire : 'Ca pense et moi l'exprime'. Si je te sais m'entendre, je me sais parlant." Ca ça me gonfle, et y'en a plein des phrases comme ça.

Mais le regard de Dolto sur les évènements évangéliques est intéressant. Elle apporte une lumière complémentaire, décalée, qui pousse à réfléchir autrement notre lecture, et ça, ça me plaît.

Mais je ne suis pas sûr de l'effet que peut produire un tel livre pour quelqu'un qui aborde les évangiles pour la première fois, et qui ne les a pas d'abord réfléchis pour lui-même.

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Il est vrai que certains aspects sont intéressants, mais je trouve qu'elle essaie un peu trop de tout ramener à la psychanalyse, sans que rien dans le texte ne permette de le faire. Comment sait-elle que Jaïre est responsable de l'état de sa fille ?
En revanche, j'ai aimé la façon dont elle traite le retournement du sens de "prochain" dans l'épisode du "bon samaritain", retournement qui me paraît escamoté par tous les commentateurs, même si je pense qu'il ne faut pas privilégier un sens plutôt que l'autre.
Comme toi, je trouve que c'est un ouvrage intéressant et qui peut nourrir la réflexion à condition de garder son sens critique (et de continuer à parler français ! Je ne me souvenais pas du charabia que tu cites)

tu as raison, il y a dans notre approche des textes une certaine exégèse à garder, et Dolto y contrevient, parce qu'elle s'en fout de la théologie, elle, elle ne regarde qu'avec son regard de psy.
D'ailleurs, elle est honnête, elle le dit. Elle dit que lorsqu'elle lit les récits, elle imagine un certain nombre de choses, et c'est cette imagination qui lui permet d'aller plus loin dans la psy, justement. Et les portes qu'elle ouvre sont intéressantes à cause de ça. Mais elle s'éloigne du texte, pour le coup...

Ce discours psy nous dit que Jaïre est responsable de l'état de sa fille, mais nous dit aussi que si les gens meurent, c'est parce qu'ils le veulent... parce qu'ils ne veulent plus vivre... Moui, moui, moui. Le jour où que je mourirai, moi, bon je ne sais pas hein, m'enfin il y a plein d'autres raisons à la mort : la maladie, on ne choisit pas de l'attraper (même enfoui dans l'inconscient), tout comme l'accident d'avion!

Il faut essayer de s'extirper de ces choses pour aller au fond et en retirer quelque sagesse bien placée. C'est bizarre, d'ailleurs, de voir comment c'est en forçant le texte qu'on saisit une lumière particulière, mais que pour autant on n'aie pas le droit (intellectuellement parlant) de garder ce texte forcé, d'en faire une généralité... Bref, là je me parle à moi-même - je peux dire : je me comprends - mais je doute qu'à ce stade je communique encore avec quelqu'un...

Tu es plus clair que tu ne le dis et je suis plutôt d'accord avec toi,
mais je pense qu'il faut toujours revenir au texte et ne pas lui faire dire n'importe quoi.

"il faut toujours revenir au texte et ne pas lui faire dire n'importe quoi.", on est bien d'accord. Je suis moi-même très attaché au texte évangélique.
Cependant rien n'empêche de "jouer" avec le texte, à la manière des traditions rabbiniques, en prenant bien garde de préciser que ce terrain n'est pas textuel, ou, pour utiliser des termes jargoniques, pas biblique.

Par exemple - mais je marche sur des oeufs - la théologie de la grâce qui se révèle au fil des écritures me poussent à être contre la peine de mort, sous quelque forme qu'elle soit. Sauf que la Bible ne se prononce absolument ni pour ni contre, parce qu'elle ne l'aborde pas sous cet angle. Jésus lui-même a accepté - malgré son innocence - ce jugement des hommes contre lui. Et ça m'énerve.
Partisans de la peine de mort plus bibliques que ses détracteurs? Ou l'inverse? Sur ce point on peut faire dire ce qu'on veut à la Bible (je schématise ici, pour ne pas nous perdre dans une multitude d'exemples qui n'auraient rien à faire sur l'Agora). Tout comme la Bible ne dit rien de l'emprise que la Télé a sur nous, ni même sur le nucléaire... Pour autant, elle a quelque chose à nous en dire (liberté, respect de la Création, etc.)

Donc on ne peut pas prendre un texte et dire : voilà ce que la Bible dit à ce sujet. Elle ne se laisse pas manipuler comme ça - bien qu'on puisse en faire ce qu'on veut, lorsque l'honnêteté intellectuelle nous manque (et j'ai l'impression qu'elle manque à tous). La rigueur et le respect du texte sont à ce titre nécessaires.
Ici, Dolto ne dit pas : voici ce que dit la Bible, mais : Voici ce que je lis quand j'examine ce texte. Le JE est très présent, et c'est une marque d'honnêteté. Après, forcément, beaucoup de ses positions viennent contre le miennes, mais ce n'est pas ce qui est important : Dolto ici m'a emmené dans des questions qui ne m'étaient pas accessibles (n'ayant pas de bagage psycho). Ces questions m'intéressent toujours. Les réponses beaucoup moins ;-D
Car les réponses, pour moi, dépendent toujours de la fidélité aux Ecritures.

Pour moi, qui n'ai pas ta culture en ce domaine, j'en reste au "Tu ne tueras point".
Mais tu as raison ce n'est pas le lieu d'une telle discussion.