Le monde que décrit Herta Müller est dur, rude, correspondant à l'image abrupte que l'on peut se faire de l'Europe de l'Est des années 60-70. La Roumanie sous Ceaucescu, c'était déjà pas joyeux, alors imaginez quand vous appartenez à la communauté Souabe, c'est-à-dire la minorité allemande, responsable de tous les maux aux yeux des autres, et pas franchement bien accueillie lorsqu'elle se réfugie sur le sol allemand.
Emigrer, c'est pourtant ce que cherchent à faire la plupart des habitants du village. Mais la corruption règne et Windisch est désabusé. D'ailleurs tous les personnages semblent l'être. Sa femme ne veut plus qu'il le touche et semble même le supporter de plus en plus difficilement, leur fille Amélie est distante... Et aucun, y compris en dehors de cette famille, n'est guère loquace.
Est-ce la rudesse de l'histoire qui donne l'impression que le style est lui-même bien rude? Je pense que ça l'accroît, mais que l'écriture de Herta Müller doit être détachée, et même assez hâchée, quel que soit le propos.
J'ai admiré la capacité qu'a cet écrivain à faire passer, avec si peu de mots, l'affection, la rancoeur, le désespoir et d'autres choses encore. Mais je suis sortie de cette lecture le moral dans les chaussettes! Et si le style vaut le détour, qu'on aime ou non, l'histoire, elle, m'a semblé un peu vide... Vous me direz, en si peu de pages...
Bref, c'est très surprenant, et même si je n'ai pas vraiment accroché, je suis contente d'avoir découvert cet auteur.
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