Prendre n’importe quelle édition des Fleurs du mal et revenir coûte que coûte au vers baudelairien, à la langueur mélancolique du poète, entre spleen et idéal, c’est agiter des flacons et sentir l’éther emplir encore et toujours l’esprit d’une joie inaltérable. On retrouve un frère d’âme, un baroudeur des confins de la pensée, un homme subtil qui mit sa vie en jeu dans la poésie. Bien sûr, il y a des poses, des rimes convenues, mesquines dirait Rimbaud mais le tout coule délicieusement en bouche, mélange détonant de miel et de fiel. La modernité du poète est évidente. On peut le lire et le relire, jamais on n’épuise le précieux grimoire empli de formules magiques, de vers ensorcelants, de tristesse envoûtante. Des alexandrins magnifiques se détachent des sonnets, résonnent et font vibrer l’imaginaire. On tremble d’émotion et on appareille pour des lointains insoupçonnés, par le pouvoir fascinant des mots, le fracas des métaphores, la musique des assonances et des allitérations. Vigie arrimée au mât de misaine, voyant au long cours, Baudelaire nous regarde depuis fort longtemps nous agiter sur l’océan de l’ennui, dans le bouillon de l’hypocrisie, nous, ses semblables, ses frères.
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