[La Conjuration des imbéciles | John Kennedy Toole, J.P. Carasso]
D'emblée, John Kennedy Toole nous immerge dans un univers que l'on pourrait qualifier d'"intermédaire", dans la mesure où il donne l'impression d'être situé juste sur la frontière séparant le réel de l'imaginaire. En effet, le monde décrit est bien le nôtre (l'action se déroule en l'occurrence dans divers quartiers, plus ou moins bien famés, d'une ville de La Nouvelle-Orléans) seulement, les personnages qui y évoluent ressemblent à des caricatures : leurs traits de caractères sont exacerbés, leur langage est exagérément pittoresque, les conséquences de leurs actes amplifiées au point de donner au récit des allures de comédie burlesque. Et celui qui rassemble toutes ces caractéristiques de façon évidente est le personnage principal de ce roman : Ignatius J.Reilly. Agé d'une trentaine d'années, il vit toujours chez sa mère, dans l'oisiveté la plus totale. Obèse, caractériel, paranoïaque, il rejette en bloc toutes les institutions et les valeurs de la société au sein de laquelle il évolue : l'Eglise, le travail, la télévision ; il ne supporte pas plus les homosexuels que les hétérosexuels mais est capable d'imaginer que l'infiltration par ces premiers aux postes clé de l'armée peut être une solution pour ramener la paix dans le monde... Il admire à la fois les penseurs romains, ceux de début du Moyen-Age, et Batman (!) parce que dernier fait preuve d'une morale rigide.
En conclusion, Ignatius est un individu totalement décalé, pétri de contradictions, qui ne trouve pas sa place dans une société de consommation dont il méprise de plus les valeurs matérielles.
Malheureusement, suite à un accident de voiture occasionné par sa mère, la voici devenu obligé de rechercher un emploi pour rembourser les dégâts occasionnés. Et c'est le début d'une série de catastrophes...
J'ai dans un premier temps trouvé ce roman plaisant et d'un second degré réjouissant. Et puis, après une centaine de pages, je n'avais plus vraiment hâte de retrouver mon livre en fin de journée, et ça, c'est mauvais signe ! Je ressentais un peu le même sentiment qu'en lisant "Le monde selon Garp" : je m'ennuyais, en dépit d'une action plutôt rythmée. Je ne me souviens plus de la cause de l'ennui qui m'a pris lors de la lecture du roman de John Irving, mais ce qui m'a lassé ici, c'est la récurrence des répliques échangées entre les personnages, l'impression que c'était les mêmes dialogues qui revenaient en boucle, et que l'auteur avait à certains moments manqué de concision et de subtilité.
Dommage... la recette utilisée était bonne, mais à force de me la servir, John Kennedy Toole m'a un peu écoeurée...
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