Isaïe est un homme de l'ancien temps, proche de la nature et qui se satisfait de bonheurs simples : contempler sa montagne, s'occuper de ses brebis, respecter les volontés du père défunt...
Marcellin quant à lui est beaucoup plus jeune et se sent prisonnier dans cette vie rustique et frustre ; il rêve de partir s'installer à la ville et de faire fortune.
J'ai eu de la peine pour Isaïe, qui est foncièrement bon et que pourtant tout le monde méprise parce qu'il est devenu un peu simplet suite à un accident en montagne ; c'est le gentil de l'histoire, tandis que Marcellin en serait le méchant... On ne peut pas s'empêcher d'être énervé contre ce dernier, il est irrespectueux, se moque des désirs de son frère, veut profiter de lui...
Mais pour lui aussi j'ai eu de la peine ; on ne sait pas ce qu'a pu être sa vie avant l'accident d'Isaïe, mais depuis il n'a pas dû rigoler tous les jours. Peut-être est-il si odieux parce qu'il n'en peut plus, qu'il a atteint une sorte de point de non retour?
La neige en deuil est un court roman où Henri Troyat a su créer une vraie tension entre les personnages, et ce dans le cadre d'une belle nature rustique, à l'ancienne, un peu à la Giono.
J'aurais de toutes façons bien aimé ce livre, mais un petit détail m'a définitivement ravie : un des personnages emploie vers le premier tiers du roman le verbe "endêver", qui a un côté délicieusement désuet et que je n'ai que rarement l'occasion d'entendre... alors à défaut, c'est chouette de le lire!
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