Nous sommes dans les années 1990 et Kim, qui doit avoir trente ou quarante ans, vit désormais en France. Il repense à sa jeunesse dans la campagne russe et s'adrese à Arkadi, son ami d'enfance, qui lui aussi a quitté le pays natal pour un autre eldorado à l'occidentale.
On découvre les conditions de vie plus que difficiles de la Russie des années 60 ou 70 : pas de moyens, pas de soutien de l'Etat, l'endoctrinement de la jeunesse... Mais aussi une vie en communauté qui favorise une réelle solidarité. Les familles vivent dans le dénuement et sont obligées de partager des sortes d'appartements communs : pas d'intimité, pas d'individualité. Les liens se resserrent et, tandis que Kim et Arkadi sont deux enfants puis jeunes adolescents très amis, leurs pères sont plus que ça, comme les deux moitiés d'un même homme, étant tous deux marqués par un traumatisme vécu sur le champ de bataille, et toujours nié par les autorités.
Bien que moins éblouissant que son Testament français, ce court roman d'Andreï Makine est très bien écrit et édifiant sur une certaine Russie. Quand je lis Andreï Makine, j'ai soudaine une furieuse envie de découvrir toute la littérature russe! Cet écrivain va devenir pour moi une valeur sûre, de ceux vers qui on peut se tourner en étant certain qu'on ne sera pas déçu.
Si vous n'avez jamais lu Makine, je vous conseille plutôt le brillant Testament français, mais cet autre roman m'a fait passer un bon moment de lecture lui aussi.
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