[Les cafards : Une enquête de l'inspecteur Harry Hole | Jo Nesbo]
Pour ce deuxième volet des aventures de l’inspecteur Harry Hole, Jo Nesbo nous emmène cette fois en Thaïlande où l’ambassadeur de Norvège est retrouvé assassiné dans une chambre de motel. Comme ledit ambassadeur était un proche du premier ministre norvégien, et que c’est une prostituée qui a découvert son cadavre, une extrême discrétion est préconisée au niveau de l’enquête. En raison –officiellement du moins- de la récente célébrité dont jouit Hole suite au succès de ses tribulations australiennes (voir « L’homme chauve-souris »), c’est lui qui est envoyé à Bangkok.
Une insupportable moiteur, des rues engorgées à l’excès par un développement galopant de la circulation, des odeurs extraordinairement présentes… une fois de plus, Jo Nesbo fait preuve d’un indéniable talent pour nous plonger dans l’atmosphère particulière du lieu de son intrigue. De même, il accorde au contexte économique, historique et social de son récit une place assez importante pour que son roman ne soit pas qu’une intrigue policière. Il est ici question de tourisme sexuel, de pédophilie et de corruption, d’un pays qui, bien que n’ayant jamais été colonisé, fut façonné pendant les années 60/70 par les occidentaux, puisqu’il servait aux troupes américaines postées au Vietnam de « bordel de campagne ».
Quant à la trame policière, elle est efficacement construite, riche de nombreux personnages secondaires qui ne sont pas que de simples figurants, et bien sûr toujours portée par l’attachante personnalité de l’inspecteur Hole, pourchassé jusqu’en Asie par ses démons.
Tout est parfait, donc ?
A vrai dire, non… le regret que j’ai à l’issue de ma lecture, en dépit des évidentes qualités de ce roman, c’est qu’il y manque ce tout petit quelque chose qui fait l’originalité d’un livre. Jo Nesbo maîtrise parfaitement son affaire, mais j’ai eu l’impression qu’il la maîtrisait trop parfaitement, justement. C’est comme s’il s’était contenté, ici, de transposer la recette utilisée pour la rédaction de « L’homme chauve-souris » : on change de lieu, d’enquête, mais on a une vague impression de « déjà vu », liée sans doute à la structure du récit, et à certaines ficelles utilisées pour tromper le lecteur. Un peu comme un chanteur dont on apprécierait la musique et les textes, mais dont on aurait le sentiment de toujours entendre plus ou moins la même chanson.
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