Le narrateur remonte le fil du temps jusqu’à l’époque de ses 12 ans. La 2nde guerre mondiale vient de s’achever, le pays garde encore les stigmates de la Grande Dépression des années 30, qui en laissé plus d’un sur le carreau. Il est de ceux-là : avec sa mère et ses deux sœurs, il forme une famille d’ "Assistés sociaux", un statut qui, associé à la bizarrerie de son caractère, l’isole des autres enfants. Il ne s’ennuie pas pour autant, en partie grâce à l’un de ses passe-temps favoris, la pêche à la truite, qui lui permet de faire de curieuses rencontres. Ainsi ce couple d’obèses qui installe chaque soir ses meubles en bord d’étang, ou ce vieux qui vit dans une cabane faite de caisses en bois, et qui a fabriqué une jolie barque et son appontement à de seules fins esthétiques…
Le roman se compose de scènes que l’on découvre telles des cartes postales qui nous seraient envoyées du passé, évoquant de pittoresques personnages pour lesquels le narrateur semble éprouver une affection particulière, teintée d’une nostalgie aux accents parfois amers, face au constat que ces laissés-pour-compte ne sont que des « Poussières d’Amérique » vouées à l’indifférence et à l’oubli… sauf si un écrivain prend la peine de « sauver du vent » ces destins négligeables qui sous sa plume –et le regard enfantin de son héros-, prennent des allures d’existences hors du commun.
« Mémoires sauvés du vent » est un roman court mais intense dans la mesure où il regorge à la fois de mélancolie, de fantaisie et d’un humour parfois grinçant à l’encontre d’un monde qui, tel qu’il est devenu, désespère l’auteur. Un monde d’apparences, qui tend à l’uniformisation des individus, et où l’addiction télévisuelle a supplanté le pouvoir de l’imagination et la richesse procurée par les échanges avec autrui.
Il s’agit du dernier roman de Richard Brautigan, qui se donna la mort deux ans après l’avoir écrit.
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